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Fashion week : Chanel, l'habitué des défilés démesurés

Pour présenter son vestiaire printemps-été 2016, Chanel avait conçu un décor d'aéroport sous le dôme de verre du Grand Palais.

Pour présenter son vestiaire printemps-été 2016, Chanel avait conçu un décor d'aéroport sous le dôme de verre du Grand Palais. - François Guillot - AFP

La marque a présenté mardi sa toute dernière collection de prêt-à-porter à Paris. Un défilé comme Chanel sait les faire, époustouflant et gigantesque. Pour marquer les esprits, la griffe dépense sans compter.

En pleine Fashion week parisienne ce mardi, se tenait l'événement phare de cette manifestation. Celui qui, chaque saison, éclipse les autres par son faste, sa créativité, son gigantisme: le show Chanel. Au Grand Palais, comme de coutume puisque la griffe jouit de l'exclusivité pour organiser la présentation de ses collections dans la nef. Le pétulant Karl Lagerfeld avait cette fois conçu sous le dôme de verre géant un hall d'aéroport aux couleurs d'une Chanel Airlines tout droit sortie de son imagination. Un spectacle millimétré dont le budget a dû, une fois encore, atteindre des sommets de démesure.

L'évaluer exactement est délicat, tant la Maison détenue par les frères Wertheimer verrouille sa communication et impose le silence à ses partenaires sur ses affaires de porte-monnaie. Tout juste sait-on que louer le Grand Palais pour plusieurs jours, afin de monter le décor qui habillera le défilé de vingt minutes, coûte "quelques millions d'euros".

Quelques millions, une "pécadille"

Voilà qui paraît déjà relativement onéreux. Mais ces sommes ne représenteraient selon nos informations qu'une "pécadille sur le total alloué à l'organisation du show". S'y ajoute notamment le coût des mises en scènes toujours plus délirantes, comme celle du supermarché de l'année dernière: les 13.500 mètres carrés de la nef avaient été couverts de linéaires aux couleurs de la maison aux C entrecroisés, débordants de toutes sortes de denrées et objets spécialement manufacturés pour l'occasion. Jambon Cambon, CoCoquillettes, conserves Le jardin de Gabrielle, mouchoirs estampillés "les chagrins de Gabrielle", paillasson Mademoiselle ou bouteilles d'un litre d'eau de Chanel. Des produits collector que les happy few conviés à la fête s'étaient arrachés à la fin du show.

Plus fort encore, pour la présentation de sa collection automne hiver 2010-2011, le Kaiser avait carrément fait venir de véritables icebergs, gigantesques, autour desquels slalomaient les filles. Ou plutôt pataugeaient, puisque les énormes masses de glace transportées en plein Paris depuis les mers les plus froides commençaient à fondre sur le catwalk! Probablement le décor le plus onéreux jamais exécuté par l'inamovible designer.

Pour gonfler encore l'addition, il faut ajouter le coût de la main d'œuvre. Pour le défilé de ce mardi, une trentaine de techniciens, dont cinq permanents, ont travaillé à la création de l'aéroport, au montage des comptoirs et des sièges, à la conception du faux ciel barré d'avions, au déploiement des gradins. 90 habilleuses s'affairaient pour organiser les backstages, rejouer le défilé pour définir le parcours exact des mannequins et éviter tout télescopage le jour J. Des petites fourmis qui ont besogné plusieurs jours durant, au rythme d'une musique électro diffusée à plein volume et mixée en direct par un DJ, qu'il a fallu rémunérer lui aussi.

Les mannequins les mieux payées au monde

Son salaire ne devait pas représenter grand-chose comparé à ceux des mannequins qui ont porté la collection printemps-été 2016 de Chanel. Les 80 filles prennent chacune, selon nos sources, entre 800 et 2.000 euros par défilé. Les grands noms que fait défiler la marque, à l'image de Kendall Jenner, doivent se situer dans le haut de la fourchette. La jeune sœur de Kim Kardashian vient par exemple de faire son entrée à la 16ème place des modèles les mieux payés au monde en 2015 selon Forbes. Sa consoeur, Cara Delevingne, 2ème du même classement avec des revenus de presque 10.000 dollars par jour (!!), a seulement pris place dans le public. Mais celle qui avait décidé de ne plus défiler portait ces dernières saisons la robe de mariée.

Bref, l'ardoise doit largement atteindre la dizaine de millions d'euros, sans compter la confection du vestiaire. La marque peut se le permettre sans ciller. Bloomberg s'est procuré le rapport annuel 2014 de l'entreprise qui ne communique jamais ses chiffres. Les ventes auraient progressé de 9%, son chiffre d'affaires atteint près de 7 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 1,4 milliard, en hausse de 38% ! Une performance au moins aussi ébouriffante que les défilés…

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco