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Energie

La "dictature du court-terme" rend la transition verte plus difficile, dénonce Maurice Lévy

Le président du directoire de Publicis Groupe était interviewé, depuis Davos, par Hedwige Chevrillon. L'occasion pour lui de revenir sur une des thématiques fortes du forum: la transition énergétique. Il y a "un double langage de la part des investisseurs" souligne-t-il, pour expliquer la lenteur de la conversion verte des entreprises.

"Il faudrait que tout le monde retombe un peu sur Terre sur ce sujet énergétique" disait encore le patron de Total, Patrick Pouyanné, la semaine dernière. Un aveu d'impuissance pour rappeler que la transition énergétique sera longue, même si les entreprises s'y mettent dès maintenant.

"Il y a aussi un double langage de la part des investisseurs" souligne, de son côté, Maurice Lévy, président du directoire de Publicis Groupe, interviewé ce mardi par Hedwige Chevrillon depuis le forum de Davos. "On nous invite à investir et à prendre en compte un certain nombre d'indicateurs, notamment sur tout ce qui touche au développement durable. Et par ailleurs, quand on nous juge, on nous juge sur le trimestre, on nous juge sur les résultats immédiats alors que ceux-là mêmes qui nous incitent et qui nous disent 'faîtes du long terme', ne veulent pas prendre en compte les objectifs long terme" juge-t-il.

Dictature de la Bourse

"Il y a une espèce de double langage, de contradiction, qui ne rend pas service aux entreprises" poursuit celui qui se rend à Davos depuis 25 ans maintenant. "Et je crois que la dictature du court-terme des Bourses est quelque chose qui, non seulement pénalise les entreprises, mais" aussi "les actionnaires à long-terme" sanctionnés par le manque d'investissement. "Et quand on investit beaucoup, comme c'est le cas de Publicis, ensuite on est pénalisés sur le court-terme. Donc c'est une situation très ambiguë."

Que peut-on donc attendre de Davos? "Ce que j'attends de Davos, cette année, c’est que les chefs d'entreprise, les hommes politiques, les ONG et surtout les investisseurs prennent des positions très fortes sur le développement durable et sur le long terme" indique-t-il. "Que ce ne soit plus des paroles creuses et qu'on laisse le temps aux entreprises de pouvoir investir sur le long terme."

Thomas Leroy