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La filière auto risque de perdre encore 45.000 emplois d'ici 2035, prévient François Roudier (CCFA)

Invité sur BFM Business, le président du comité des constructeurs français automobile évoque une "crise systémique" pour le secteur.

Si les ventes d'automobiles en France restent encore stables (-0,25% de janvier à novembre par rapport à la même période l'an passé), le secteur s'attend à un avenir très difficile, miné par la baisse de la demande, des exportations et par la transition vers l'électrique. Alors qu'une réunion de crise était organisée ce lundi à Bercy avec les constructeurs, François Roudier, président du CCFA (Comité des constructeurs français automobile) ne cache pas son inquiétude sur le plateau de "12h, l'Heure H" sur BFM Business.

"Je crois que ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on a une crise systémique, une sorte de crise structurelle très différente de la crise conjoncturelle de 2008", souligne le responsable. "Nous sommes sur un schéma où certains acteurs se sont préparés (...) et ce qui soucie Bercy et tout l'ensemble de l'industrie, c'est cette crise chez les fournisseurs et les équipementiers et souvent d'un rang assez lointain, loin des grandes stratégies de production et du futur de l'automobile", souligne-t-il.

"Ca va même au-delà, l'industrie (automobile, NDLR) va impacter le commerce, la distribution et l'après-vente. On voit qu'on a un système où on change de modèle de véhicule, on change de modèle d'utilisation: 40% des voitures achetées par les particuliers ne sont pas achetées, elles sont louées. (...) On a des changements dans les usages, des changements dans les techniques, l'arrivée de l'électrique... Tout ça se met en place mais il est évident que certains industriels qui étaient mono-produit sur des technologies comme le diesel voient par exemple leurs marchés chuter de 30-40%", explique-t-il également.

"Il faut monter sur l'arche de Noé"

En termes d'emplois, les conséquences pourraient être sévères. Selon François Roudier, "les prévisions que nous avons fait avec l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie, syndicat patronal de l'industrie et de la métallurgie, NDLR), on voyait dans les années qui arrivaient 15.000 emplois perdus mais jusqu'en 2035 au moins 45.000. Nos estimations sont assez faibles quand vous les comparez à ce qui se passe en Allemagne. Un emploi perdu chez un constructeur , c'est quasiment 5 emplois (perdus) chez l'équipementier ou en emplois induits". 

François Roudier met néanmoins en avant des raisons d'espérer: "Notre crise, c'est une évolution vers le haut, le high-tech. On voit très bien que l'évolution vers l'électrifié, vers tout ce qui est voiture connectée autonome fait évoluer la voiture qui, il y a 15-20 ans, était un peu un objet ringard pour certains. Maintenant c'est le summum de la high-tech, toutes les start-up veulent être sur la voiture. Mais il faut monter sur l'arche de Noé, ceux qui ne vont pas monter et qui ne pourront pas vont rester sur le carreau".

Olivier Chicheportiche