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La folle histoire du tableau de Vinci qui a pulvérisé mercredi tous les records

VIDÉO - Cette toile de Léonard de Vinci avait été vendue pour moins de 50 livres il y a 60 ans. Elle a pulvérisé tous les records aux enchères mercredi en étant adjugée à 450 millions de dollars.

Rarement un tableau vieux de cinq siècles aura connu un tel destin. Mis en vente par la maison Christie’s, le "Salvator Mundi" de Léonard de Vinci a battu tous les records en étant adjugé mercredi à 450,3 millions de dollars, alors qu'il était estimée à 100 millions de dollars.

S'il est impossible de le déterminer avec certitude, il semble que "Salvator Mundi" soit devenu le tableau le plus cher de l'histoire toutes ventes confondues, y compris hors enchères.

Deux tableaux, un De Kooning et un Gauguin, cédés dans le cadre de ventes privées en 2015 pour 300 millions de dollars chacun selon plusieurs médias américains, étaient jusqu'ici considérés comme les plus onéreux au monde.

"C'était un grand moment pour Christie's et, je crois, un grand moment pour le marché de l'art", a déclaré, à l'issue de la vente, le directeur général de la maison d'enchères, Guillaume Cerutti.

L'objet d'un litige

Cette toile de 65 cm sur 45 cm avait été vendue en 1958 pour la somme de... 45 livres. Mais il y a 60 ans, cette toile représentant le Christ n'était évidemment pas reconnue comme un authentique "Leonardo". Son authentification date de 2005.

La toile de Léonard de Vinci était jusqu'ici propriété du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, oligarque exilé qui préside le club de football de l'AS Monaco.

Il l'aurait acquis pour 127,5 millions de dollars auprès du marchand d'art suisse Yves Bouvier, qui l'avait lui-même acheté peu de temps avant pour 80 millions de dollars.

Depuis, Rybolovlev et Bouvier sont engagés dans une bataille judiciaire, le milliardaire accusant le marchand d'art d'avoir pris des marges exorbitantes sur les tableaux qu'il lui procurait.

Marges exorbitantes

Mercredi, dans une salle chauffée à blanc, les enchères pour "Salvator Mundi" ont démarré à 70 millions de dollars, et ont ensuite monté pas moins de 53 échelons jusqu'à 400 millions de dollars, devenus 450,3 millions avec commissions, frais et taxes.

À mi-parcours, comme souvent, l'affaire s'est résumée à un duel entre deux acheteurs anonymes, qui passaient leurs ordres au téléphone, par le biais des vendeurs de Christie's.

À 200 millions, une clameur s'est élevée du public, visiblement composé de beaucoup de visiteurs peu habitués à l'atmosphère feutrée des ventes. Et, au coup de marteau final, c'est par un tonnerre d'applaudissements et d'exclamations que les personnes présentes dans la salle ont salué l'incroyable record atteint par cette toile.

"Je n'aurais jamais imaginé qu'on aurait le Saint-Graal de tous les artistes, un tableau de cet artiste là", a déclaré à l'AFP François de Poortere, responsable du département "Old Masters" (maîtres anciens) de Christie's. "C'est un prix extraordinaire pour un tableau extraordinaire. Léonard a inspiré des générations et continue à inspirer aujourd'hui."

Y.D. avec AFP