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La France va-t-elle se retrouver en pénurie de carburant?

"La CGT pétrole appelle au blocage des raffineries. Une situation qui pourrait devenir tendue alors que dans le quart Nord-ouest, quelque 70 stations-service Total sont d'ores et déjà en rupture de carburants. Alain Vidalies, secrétaire d'État chargé des Transports, tente de rassurer."

La CGT pétrole appelle au blocage des raffineries. Une "étape supplémentaire" en vue d'obtenir le retrait de la loi travail, a déclaré un responsable du syndicat sur France Info. Emmanuel Lépine, de la CGT pétrole a détaillé sur cette radio les raisons de cet appel: "Le but n'est pas de créer la pénurie" mais "d'obtenir le retrait de la loi travail". Il s'agit pour le dirigeant syndical d'une "étape supplémentaire" dans le bras de fer entre les opposants à la loi travail et le gouvernement.

De son côté, la fédération FO des transports a appelé ses militants à "suspendre" les blocages et barrages filtrants entrepris depuis le début de la semaine. Force ouvrière appelle ses syndicats à "suspendre toutes les actions en cours (...) à midi", comme décidé avant le début du mouvement, écrit dans un communiqué la fédération des transports et de la logistique FO/UNCP. Des assemblées générales se tiendront néanmoins sur le terrain pour acter la suspension du mouvement.

Le secrétaire d'État chargé des Transports, Alain Vidalies, s'est voulu rassurant: "Nous n'avons pas utilisé pour l'instant les stocks stratégiques, donc il n'y a pas de risque de pénurie à court terme".

Le blocage, dans le grand ouest, de plusieurs raffineries et dépôts de carburants par des salariés opposés à la loi El Khomri, provoquait vendredi des difficultés d'approvisionnement en carburant avec la fermeture d'un nombre croissant de stations-service, sans toutefois que la situation soit jugée inquiétante par les autorités. Selon la préfecture du Calvados, dès jeudi en fin de journée, au moins 13 stations du département sur 150 étaient en rupture totale dont 5 dans l'agglomération caennaise. 

À titre de précaution, le préfet a décidé d'interdire la vente de carburant en jerricans "afin d'éviter le sur-stockage" et appelé chacun à "faire preuve de civisme et de bon sens". La préfecture a également passé une convention avec 3 stations-service dans lesquelles 1/4 des pompes seront réservées aux véhicules prioritaires (services de secours, sécurité, énergie...)." Même appel au civisme en Seine-Maritime, où la préfecture estimait à environ un tiers le nombre de stations en rupture de carburant, surtout du gasoil, jeudi soir, sur la petite centaine que compte le département.

Des automobilistes font la queue

Dans la région du Havre, les accès menant à la plateforme Total de Gonfreville-l'Orcher restaient bloqués par des syndicalistes vendredi matin. Une intersyndicale est prévue à 17H00 pour décider de la suite du mouvement. L'autre grande raffinerie du secteur, celle d'Exxon Mobil, à Notre-Dame-de-Gravenchon, la 3e de France (11 M/T), est également bloquée depuis jeudi. Près de Rouen, c'est un dépôt de carburant, le terminal Rubis de Grand-Quevilly qui est bloqué depuis mardi matin par les militants syndicaux, occasionnant des difficultés d'approvisionnement notamment pour les stations des supermarchés.

Des difficultés se faisaient également ressentir à Rennes, où un important dépôt de carburant situé à la périphérie de la ville, à Vern-sur-Seiche, était toujours bloqué vendredi matin par une cinquantaine de militants CGT et FO, rejoints par des étudiants mobilisés contre la loi El Khomri. Résultat, de plus en plus de stations-service, notamment Total mais aussi celles de supermarchés, se trouvaient en rupture de stock vendredi matin et de nombreux automobilistes faisaient la queue dans les stations encore ouvertes, a constaté un journaliste de l'AFP. D'autres remplissaient par précaution des jerricans de carburant. "À la mi-journée, les pompes seront vides et je ferme", déclarait le gérant d'une station Total à l'entrée sud-est de la ville. 

Un cinquième du réseau Total en pénurie

En Loire-Atlantique, la raffinerie Total de Donge était toujours affectée vendredi matin par un mouvement de blocage empêchant les approvisionnements mais pas le fonctionnement de la centrale. Une assemblée du personnel devait décider en début d'après-midi de la suite du mouvement.

En début de soirée jeudi, le dépôt de carburant de Douchy-les-Mines, près de Valenciennes, était encore bloqué par une centaine de manifestants. Dans le quart Nord-ouest, on compte déjà 70 stations-service Total en rupture de carburants, soit presque un cinquième du réseau.

Pour faire face à un début de pénurie dans les stations-service, la préfète de Seine-Maritime et de Normandie, Nicole Klein, a publié jeudi 19 mai un arrêté "interdisant l'achat de carburants hors réservoir du véhicule".

D. L. avec AFP