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Energie

La fronde contre le compteur Linky s'invite au Sénat

Certains détracteurs du compteur Linky déployé par Enedis s'inquiètent du respect de leur vie privée.

Certains détracteurs du compteur Linky déployé par Enedis s'inquiètent du respect de leur vie privée. - Damien Meyer-AFP

Un amendement déposé par des sénateurs veut accorder aux usagers la possibilité de refuser l'installation des compteurs Linky. Examiné au Sénat ce mercredi 20 mars, ce texte va dans le sens de l'opposition croissante d'abonnés et de communes au déploiement de cet appareil connecté.

La défiance vis-à-vis du compteur Linky, qui permet le relevé à distance de la consommation réelle d'électricité d'un usager, s'invite au Sénat. Plusieurs parlementaires, dont la sénatrice Florence Lassarade, ont déposé un amendement prévoyant que des usagers opposés à l'installation de Linky aient le droit de le refuser. Ils interviennent dans le cadre de l'examen du projet de loi sur le règlement général de la protection des données personnelle (RGPD) en cours de discussion au Sénat. L'amendement est examiné, ce mercredi 21 mars, en séance publique.

Des enregistrements de données personnelles sans consentement ?

Ce texte prévoit d'ajouter au code de l’énergie un alinéa ainsi rédigé: "ces dispositifs ne peuvent pas être installés auprès des utilisateurs qui s’y opposent expressément".

Les sénateurs justifient le dépôt de cet amendement lors de la discussion du texte adaptant la législation sur la protection des données personnelles au motif que "les nouveaux dispositifs de comptage (compteurs Linky) mis en place procèdent, par défaut et sans le consentement des personnes, à des enregistrements de données personnelles". Selon eux, "seule la faculté de pouvoir s’opposer à l’installation de ces compteurs permet de garantir aussi bien le droit à l’auto-détermination des données personnelles".

Cet amendement, s'il était adopté, irait dans le sens de l'opposition croissante d'usagers et de communes à l'installation du compteur Linky dont le déploiement sur le territoire national s'étale jusqu'en 2021. Dans de nombreux territoires, cette opposition prend la forme de collectifs anti-Linky très actifs militant pour le droit au refus que défend l'amendement sénatorial.

Plusieurs centaines de communes s'opposent à Linky

D'après un décompte tenu par un militant anti-Linky, il y aurait 542 communes ayant rejeté à la suite de délibération l'installation des compteurs Linky. Un autre décompte fait état de 471 communes ayant refusé cette installation sur le territoire.

Au début de 2018, la Cour des comptes a ajouté sa contribution critique au débat. Ses sages ont estimé que le nouveau compteur d'électricité n’apportait pas les bénéfices annoncés en ce qui concerne la maîtrise de la demande d’énergie: "Si Linky peut apporter beaucoup aux différents acteurs, les préoccupations du consommateur d’électricité ne semblent toutefois pas être au cœur du dispositif" ont-ils estimé.

Enfin, l'association UFC-Que Choisir s'est attaquée au nouveau dispositif en lançant début mars 2018 une pétition pour que les consommateurs n'aient pas à payer le déploiement des compteurs électriques Linky, dont les informations qu'ils doivent apporter "sont très maigres et peu accessibles".

Frédéric Bergé