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La fuite de Carlos Ghosn au Liban, "un échec du système" selon l'ex-ambassadeur de France au Japon

Invité sur BFM Business, l'ancien ambassadeur de France au Japon, Thierry Dana, est revenu sur le choc qu'a constitué l'évasion de Carlos Ghosn au Liban pour les Japonais.

Le Japon redoute-t-il la prise de parole de Carlos Ghosn prévue ce mercredi à 14h00 (heure française) à Beyrouth? "Non", répond l'ancien ambassadeur de France au Japon Thierry Dana, qui était invité ce mercredi à l'antenne de BFM Business.

"Je ne pense pas qu'ils [les Japonais] tremblent par rapport à ce que va dire Carlos Ghosn (…) En revanche ils sont sous le choc de son départ parce que pour eux c'est quand même un échec du système de contrôle des frontières, du système de sécurité, du système d'organisation de la justice".

Selon l'ancien ambassadeur, le Japon étant un pays qui se révèle particulièrement bien organisé, "imaginer que l'une des personnes les plus médiatisées au Japon, les plus surveillées arrive à s'échapper comme cela, c'est inimaginable. Et donc pour eux c'est (…) une forme d'échec".

La justice japonaise pointée du doigt

En outre, si Thierry Dana insiste sur le fait que la fuite de Carlos Ghosn n'arrange en rien la justice japonaise, il rappelle que "la partie sur laquelle ils (les Japonais – NDLR) étaient les plus critiquables (…) c'était la partie qu'il a vécue. C'est-à-dire les conditions de détention, les conditions de l'instruction qui sont quand même d'une sévérité extrême (…) Cela n'empêche pas que le système de la justice japonaise est un système d'Etat de droit, d'un pays démocratique, qui fonctionne. Donc la partie la plus difficile à assumer pour eux, c'est celle-ci".

Pas de conséquences diplomatiques

Reste désormais à savoir si cet épisode ne risque pas, in fine, de laisser quelques traces dans les relations qu'entretiennent la France et le Japon... De l'avis de Thierry Dana, il y a fort à parier que "non".

"Je ne vois pas sous quel angle cela pourrait laisser des traces", explique-t-il. Concernant l'affaire elle-même, "on ne saura jamais sur le fond ce qu'il en est. Ce qui est bien dommage", concède l'ancien ambassadeur.

"Pour le reste, ce qui compte je pense entre la France et le Japon (…) c'est l'avenir industriel de l'alliance. C'est évidemment un enjeu sans commune mesure avec le cas de Carlos Ghosn. Ce sont des dizaines de milliers d'emplois de part et d'autre, des enjeux industriels considérables. (…) Il n'y a pas de prise de bec diplomatique".

Et de conclure: "Toute cette affaire masque aussi le fait que [Carlos Ghosn] a été un capitaine d'industrie absolument exceptionnel".

J.C-H