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La Jeep mexicaine ne s'attire pas (encore?) les foudres de Trump

Une jeep sur laquelle pend un drapeau du parti républicain à Aston, pendant la campagne de Donald Trump.

Une jeep sur laquelle pend un drapeau du parti républicain à Aston, pendant la campagne de Donald Trump. - Mark Makela- GETTY - AFP

Donald Trump a pris l'habitude de fustiger les constructeurs automobiles qui vendent aux États-Unis des voitures fabriquées ailleurs. Mais bizarrement, il se garde bien d'évoquer la Jeep mexicaine.

Jeep, la marque symbole des véhicules tout-terrain aux États-Unis, n'a pas encore suscité l'ire de Donald Trump alors que son constructeur, Fiat Chrysler, va bientôt vendre aux États-Unis un de ses modèles fabriqués au Mexique.

Pourtant le président élu américain s'en est déjà pris, par Twitter interposé, à Ford, General Motors et Toyota pour leur stratégie consistant à faire fabriquer au Mexique des voitures pour le marché américain. Mais pas à la Jeep Compass, qui était fabriquée jusqu'en décembre dans une usine du groupe à Belvidere dans l'Illinois, et qui a vu sa production transférée dans une usine du groupe à Toluca au Mexique. Elle sera vendue aux États-Unis, et dans d'autres pays, à partir de fin janvier.

GM, Toyota et Ford dans le viseur

Certes, ce transfert ne va pas se traduire par des suppressions d'emplois. Car Fiat-Chrysler, un constructeur italo-américain dont le siège est aux Pays-Bas, entend utiliser les chaînes de production de Belvidere pour y fabriquer un autre véhicule. Mais Ford, qui a préféré annuler un investissement de 1,6 milliard de dollars prévu dans une nouvelle usine au Mexique après avoir été la cible du futur président, ne prévoyait pas non plus de supprimer des emplois aux États-Unis malgré le transfert de la production de ses voitures de bas de gamme au Mexique.

Les Toyota Corolla, qui devaient être construites au Mexique pour être vendues aux États-Unis, étaient, elles, fabriquées jusqu'à présent au Canada. Et le premier constructeur américain General Motors s'est défendu de vendre aux États-Unis des Chevrolet Cruze fabriquées au Mexique. Tous trois ont pourtant été pris pour cible par le président élu qui se fait fort de rapatrier dans son pays les emplois qui se sont disséminés en Amérique du nord grâce à l'accord de libre-échange unissant les États-Unis, le Canada et le Mexique (Alena).

Chrysler renfloué par l'argent public

Outre la Jeep Compass, FCA contruit aussi au Mexique des "pick-up" (camionnettes à plateau) destinées au marché américain.

Renfloué en 2009 grâce à l'argent public alors qu'il était acculé à la faillite, l'américain Chrysler avait trouvé un sauveur en l'italien Fiat, donnant naissance à une véritable multinationale de l'automobile. Après l'élection de Donald Trump en novembre, le constructeur italo-américain avait affirmé sa volonté de travailler avec le nouveau président "pour renforcer le secteur manufacturier américain et construire un avenir meilleur pour ses employés, ses clients et la société". Il avait souligné avoir investi 8,4 milliards de dollars dans ses usines aux États-Unis et y avoir créé 25.000 emplois.

"Le protectionnisme changera les choses"

Son PDG, l'Italien Sergio Marchionne, avait senti le danger, estimant en juin 2016 lors de la campagne présidentielle dans un entretien à Bloomberg TV, que "les choses changeraient s'il y avait un sentiment protectionniste aux États-Unis" et que cela "aurait un impact sur la manière dont nous gérerions nos affaires à l'avenir". Le groupe a vu ses ventes aux États-Unis baisser de 0,4% en 2016 à 2,244 millions de voitures vendues, se plaçant derrière le japonais Toyota, derrière GM et Ford, ses rivaux historiques.

La décision de faire construire la Jeep Compass au Mexique fait partie d'un plan d'ensemble de réorganisation de sa production en Amérique du nord, qui a été approuvé par le syndicat automobile américain UAW. Sergio Marchionne veut faire fabriquer davantage de 4x4 de loisir et de pickup qui se vendent bien aux États-Unis et au Canada.

La Jeep, tout un symbole 

Le nom Jeep reste toutefois un symbole aux États-Unis depuis qu'il a immortalisé par les GI de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est vrai que la marque a connu depuis quelques vicissitudes, passant même à un moment par les mains du français Renault.

Aujourd'hui déclinée en de nombreux modèles, elle est la marque phare de FCA qui en a écoulé 926.000 aux États-Unis en 2016, en hausse de 6,5%. L'un d'entre eux, la Jeep Renegade, est même fabriquée en Italie, au Brésil et en Chine sur un chassis dérivé d'un modèle Fiat. Une autre cible potentielle pour Donald Trump.

N.G. avec AFP