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La ministre de la Santé prépare la fin du paiement systématique à l'acte pour la médecine de ville

Agnés Buzyn ne veut pas qu'on continue à financer la totalité des actes en ville, notamment pour les soins des maladies chroniques.

Agnés Buzyn ne veut pas qu'on continue à financer la totalité des actes en ville, notamment pour les soins des maladies chroniques. - JEAN-SEBASTIEN EVRARD-AFP

Agnès Buzyn veut que l'on aille vers une tarification à la qualité et au parcours de soins, y compris en médecine de ville, pour ne plus continuer à financer la totalité des actes en ville, pour les soins des maladies chroniques.

Alors que le paiement à l'acte des consultations représente l'essentiel de la rémunération des médecins de ville, le ministre de la Santé entend mettre fin à la course aux actes médicaux. "Aujourd'hui, nous tarifons des actes, quelle que soit leur intérêt pour le malade. Ce qui est utile aux malades, y compris en médecine de ville, ça va être donc des tarifications par parcours où les professionnels de ville ou de l'hôpital vont avoir chacun une part de cette rémunération", a expliqué la ministre de la Santé dans l'émission "L'Épreuve de vérité", de la chaîne Public Sénat, en partenariat avec Les Echos et Radio classique.

Interrogée sur la conséquence d'une telle réforme, qui pourrait aboutir à la fin du paiement à l'acte chez le médecin généraliste, Agnès Buzyn s'en est défendu, en rappelant que "le paiement à l'acte est utile pour toutes les consultations aigües", par exemple "quand vous avez la grippe".

"Mais chez quelqu'un qui a un diabète, qui va vivre avec son diabète vingt ans, dont on sait que chaque année, il doit avoir x consultations, x examens de sang, une consultation chez un podologue, chez un cardiologue, chez un ophtalmo, on peut imaginer tarifer au parcours, par exemple sur les maladies chroniques", a-t-elle ajouté.

Les soins des affections longue durée, concernés en premier

"Nous avons prévu de commencer sur les ALD (affections de longue durée, ndlr) et il n'est évidemment pas question de revenir complètement sur le paiement à l'acte, nous savons à quel point les médecins (y) sont attachés" a t-elle ajouté pour prévenir toute fronde des praticiens libéraux.

Selon la ministre, une telle réforme "éviterait des disparités de pratique, parce qu'on voit que, d'un territoire à l'autre, on a quatre fois plus de césariennes dans une région que dans une autre, trois fois plus de retrait des amygdales dans une région: on se rend bien compte que ces disparités pratiques cachent quelque part des inégalités d'accès aux soins".

Agnès Buzyn a par ailleurs indiqué que "ces réformes ne se feront pas sans les médecins". "C'est à eux de déterminer ce qui est un parcours de qualité pour un malade, ça n'est pas à l'administration de choisir comment soigner un diabétique", a-t-elle encore précisé.

F.Bergé avec AFP