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La musique metal, une niche très rentable

Lemmy Kilmister, leader de Motörhead, mort d'un cancer lundi

Lemmy Kilmister, leader de Motörhead, mort d'un cancer lundi - Stefan Brending 2eight / Wikimedia Commons cc

Grâce à des fans assidus et dépensiers, le festival Hellfest est devenu le premier festival musical de France.

Décibels assourdissants, paroles virulentes, looks étranges, dédain des radios, mépris de la presse... La musique heavy metal a -délibérément- une mauvaise image. Pourtant, elle se porte bien.

Rock or bust d'AC/DC a été le 7ème album le plus vendu de 2014, avec 2,7 millions de copies, selon l'IFPI. Et lors de sa sortie en septembre, The book of souls d'Iron Maiden s'est placé en tête des hits parades dans 24 pays.

Premier festival de France

Mais ce sont surtout les concerts qui se sont développés ces dernières années, car les métalleux apprécient particulièrement le live. Paris propose ainsi presque un concert de metal chaque soir.

Mais la scène reste dominée par le Hellfest, qui se tient chaque année en juin à Clisson (Loire Atlantique). Avec 150.000 festivaliers, c'est le second festival français derrière les Vieilles charrues. Mais le Hellfest les dépasse en terme de budget: 16 millions d'euros pour sa dixième édition en 2015. Ce budget financé par les entrées, avec un pass vendu 189 euros pour trois jours. "Le Hellfest est le festival le plus cher, et de loin, faute de subventions", relève son fondateur Benjamin Barbaud.

Toujours en juin, une semaine avant le Hellfest, se tiendra à l'Hippodrome de Longchamp la première édition française du festival Download, déclinaison du festival britannique créé en 2003. Une initiative de l'américain Live Nation, le leader mondial de l'organisation de concerts. Le pass pour trois jours est vendu 148,5 euros. 

Des metalleux plutôt aisés

Autre caractéristique du metalleux: c'est un grand fan, donc un gros acheteur de produits dérivés, notamment des tee-shirts des concerts. "Dans le metal, les groupes vendent aujourd'hui plus de tee-shirts que de CD", selon Laurent Lefebvre, directeur de Bass Productions. "Aux dires des vendeurs des stands de merchandising, les paniers moyens sont assez élevés, plus qu’au sein d’autres familles musicales", pointe le sociologue Fabien Hein.

Vous l'aurez devinez: contrairement aux idées reçues, le metalleux est donc plutôt aisé pour pouvoir assouvir sa passion. "Si le lien entre musiques metal et classes populaires est présent aux États-Unis, c’est moins le cas en France. Les études montrent même plutôt un profil de type bac+2 ou 3, inséré socialement, en emploi, donc disposant d’un capital économique", relève Fabien Hein. Et, parmi ceux qui viennent au Hellfest, "il y a environ deux tiers d'hommes, entre 20 et 35 ans, plutôt issus des classes moyennes. On peut rencontrer des professeurs, des professions libérales, des policiers, militaires, des travailleurs sociaux… En revanche, le monde ouvrier est peu représenté. C'est un public intégré", abonde Corentin Charbonnier, auteur d'une thèse sur le festival.

Autre caractéristique: toutes les générations sont représentées, des jeunes comme des quinquas, qui étaient jeunes dans les années 70 lorsqu'en né le metal.

Dernière caractéristique: le metalleux est plutôt un provincial. "80% des concerts se passent dans la moitié nord du pays, avec une forte représentation de l'Est. C'est probablement une influence de l'Allemagne et du Benelux, beaucoup plus adeptes de metal", souligne Nicolas Giraudet, tourneur chez Rage Tour.

Jamal Henni