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La mythique marque Bentley pourrait renoncer au "Made in Britain"

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Inquiet des conséquences du Brexit, le PDG de la prestigieuse marque automobile se donne quelques mois avant d'envisager de quitter son berceau natal pour s'installer ailleurs.

Il n'y a pas que les banques qui songent à faire leurs valises. L'industrie automobile britannique s'inquiète aussi des conséquences du Brexit. Ainsi, après JLR (Jaguar Land Rover), c'est au tour de Bentley d'envisager de quitter le Royaume-Uni. Dans une interview accordée à Reuters, Wolfgang Dürheimer, le PDG de la marque qui appartient à Volkswagen depuis 1998, a laissé entendre qu'il prendrait la décision qui s'avérerait nécessaire. "C'est notre origine britannique qui nous rend unique, mais nous savons aussi que notre activité est très internationale et qu'avant de cesser de produire des Bentley, nous les produirons ailleurs". 

Autrement dit, le patron de la firme automobile qui va fêter ses 100 ans en 2019 n'aura aucun remords à renoncer au pays natal de la marque si l'équilibre économique est en jeu. Et Wolfgang Dürheimer se donne "neuf à douze mois" avant de prendre une décision, "pour voir ce qui va se passer" en termes d'accord de libre-échange entre la Grande-Bretagne et le continent. 

À l'usine de Crew dans le nord de l'Angleterre, les Bentley sont assemblées en grande partie à la main.
À l'usine de Crew dans le nord de l'Angleterre, les Bentley sont assemblées en grande partie à la main. © Bentley

Pourquoi la firme britannique est-elle à ce point inquiète? Parce qu'outre le fait qu'elle dépende beaucoup de sa maison-mère Volkswagen en termes d'échanges technologiques et de compétence, l'Europe constitue de loin son premier débouché. En 2015, 43,4% de ses ventes ont été réalisées sur le Vieux Continent contre 28,4% en Amérique et 28,3% en Asie. 

Une concurrence farouche dans le luxe

Certes, avec un ticket d'entrée de 200.000 euros, on pourrait penser qu'une augmentation des prix n'impacterait pas les ventes de la marque de luxe. Mais rien n'est moins sûr. Si le marché mondial des voitures de luxe a explosé ces 20 dernières années (Bentley ne produisait que 1.210 véhicules en 2002 contre plus de 10.000 en 2015), la concurrence s'est accrue. De Maserati à Aston Martin en passant par Rolls-Royce, Jaguar, Ferrari et Porsche, les constructeurs se livrent bataille à coup d'innovations et de nouvelles gammes. Surtout, de nouveaux acteurs lorgnent ce marché du luxe comme Mercedes par exemple qui a dévoilé l'année dernière un modèle à 300.000 euros. Ou même dans une moindre mesure des marques comme Tesla qui a imposé ses véhicules électriques dans le haut de gamme. Et même si la clientèle de ces marchés est fortunée, les marques doivent rester compétitives. Et pour cela, le patron de Bentley est prêt à dire bye bye à l'usine historique de Crewe dans le nord de l'Angleterre.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco