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Energie

Le nouveau code écologique du fonds souverain de la Norvège

Le fonds souverain norvégien tire sa faramineuse puissance financière de l'industrie pétrolière parmi les plus prolifique au monde en Norvège.

Le fonds souverain norvégien tire sa faramineuse puissance financière de l'industrie pétrolière parmi les plus prolifique au monde en Norvège. - Nina-no - Wikimedia - CC

Le  plus  riche des fonds souverain au monde n'investira désormais plus dans des sociétés dont les activités génèrent des émissions de gaz à effet de serre d'un niveau "inacceptable".

La Norvège veut sortir son fonds souverain du capital des "mauvais élèves" climatiques. Le pays scandinave a annoncé ce vendredi vouloir interdire à son fonds de pension public, le plus gros fonds souverain au monde avec près de 835 milliards d'euros d'actifs, d'investir dans les entreprises les plus néfastes pour le climat.

Dans un Livre Blanc annuel, le gouvernement de droite propose que le fonds ne puisse plus entrer au capital de sociétés responsables d'"agissements et omissions qui (...) impliquent des émissions de gaz à effet de serre d'un niveau inacceptable".

Ce nouveau critère est conforme aux recommandations d'un rapport d'experts présenté en décembre dernier et qui avait laissé les ONG de défense de l'environnement et une partie de l'opposition politique sur leur faim. Ceux-ci réclamaient que le fonds, lui-même alimenté par les énormes revenus pétroliers de l'État norvégien, se désengage totalement des entreprises ayant trait aux énergies fossiles. Mais les experts avaient recommandé que le fonds agisse au cas par cas, et qu'il utilise son rôle d'actionnaire pour améliorer les pratiques des entreprises concernées.

Un choix éthique… et stratégique

Le fonds, qui contrôlait fin décembre l'équivalent de 1,3% de la capitalisation boursière mondiale, est déjà encadré par des règles éthiques qui l'empêchent d'investir dans des groupes coupables de graves violations des droits de l'Homme, recourant au travail des enfants, fabriquant des armes particulièrement inhumaines ou encore produisant du tabac.

Avant même l'adoption du nouveau critère, et pour des raisons strictement financières, le fonds s'est de lui-même désengagé ces dernières années de dizaines d'entreprises (extraction de charbon, sables bitumineux, production de ciment...) dont le modèle économique n'est, selon lui, plus tenable en raison de son coût pour l'environnement ou le changement climatique.

Parmi les autres mesures, le Livre Blanc propose d'élargir la part des investissements consacrés à des placements bénéfiques pour l'environnement, prévoyant une enveloppe comprise entre 30 et 60 milliards de couronnes alors que le plafond est actuellement fixé à 50 milliards.

Un groupe d'experts a aussi été nommé pour réfléchir à une diversification des investissements afin d'englober les infrastructures, comme le réclament ses gestionnaires, mais aussi accroître les placements dans l'immobilier. Selon les règles actuelles, les actions doivent représenter 60% de son portefeuille, les obligations 35% et l'immobilier 5%. Ces propositions doivent être adoptées par le Parlement, où le gouvernement est minoritaire, avant de pouvoir entrer en vigueur.

N.G. avec AFP