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La patronne d’Engie Isabelle Kocher négocie ses indemnités de départ

Isabelle Kocher va être révoquée de son poste de directrice générale lors d’un conseil d’administration extraordinaire. Elle devrait quitter ses fonctions fin février. En attendant de négocier ses indemnités de départ qui pourraient s’élever à 3,5 millions d’euros.

"Cette fois, la messe est dite, enfin !". Ces propos d’un administrateur d’Engie en disent long sur l’ambiance délétère qui règne au sommet du groupe depuis quelques semaines. Des rebondissements si nombreux que tout le monde en est épuisé. Au point que même les soutiens de la directrice générale, Isabelle Kocher, en ont assez.

Un conseil d’administration extraordinaire est convoqué jeudi à 17h pour voter le renouvellement ou le départ de la directrice générale. Sur le fond, plus aucun suspense ne règne. Isabelle Kocher ne sera pas renouvelée dans ses fonctions. Sur la forme, reste à savoir quand elle quittera ses fonctions. En théorie, trois possibilités existent. Première hypothèse, la directrice générale va au terme de son mandat, c'est-à-dire l’assemblée générale du mois de mai. "C’est difficile vu l’ambiance des dernières semaines" reconnaît un cadre du groupe.

Deux ans de salaires d’indemnités

Isabelle Kocher risque donc d’être formellement révoquée avant la fin de son mandat. Dans ce cas, deux hypothèses sont sur la table. Si le conseil de jeudi se passe mal, elle pourrait l’être avec "effet immédiat". Mais cela ne semble être ni l’envie, ni l’intérêt du conseil d’administration et d’elle-même. "Il est plus probable qu’elle parte fin février, après la présentation des résultats annuels" explique une source.

Trois semaines qui lui seront nécessaires pour négocier ses indemnités de départ que lui "offre" sa révocation. L’enjeu est simple: deux années de salaire, fixe et bonus, soit un montant total de 3,5 millions d’euros si l’on prend en compte sa rémunération sur 2017 et 2018. Elle partirait aussi avec près de 800.000 euros de stock-options attribuées en 2018 plus celle que le conseil lui attribuera pour 2019…

Judith Hartmann en remplaçante

Le nom de son successeur ne devrait pas être connu jeudi. Il est toujours question de nommer un directeur général par intérim. Jusqu’ici, l’option que le président d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, devienne PDG par intérim en cumulant quelques mois les fonctions étaient envisagée, comme BFM Business l’avait révélé. Mais Bercy y est désormais opposé. "Avec l’agitation des dernières semaines, il en est hors de question" tranche un proche du ministère de l’Economie.

L’idée serait de faire comme chez Renault après l’éviction de patron Thierry Bolloré, en octobre, lorsque la directrice financière Clotilde Delbos avait repris les fonctions en intérim. Dans le cas d’Engie, c’est donc Judith Hartmann qui pourrait ainsi assumer le poste pendant quelques mois. "On a besoin d’elle a court terme" se contente de justifier une source chez Engie. Une solution étonnante alors qu’elle était, il y a quelques mois encore, critiquée par l’état-major du groupe.

Bruno Le Maire a fini par la lâcher

La décision d’évincer Isabelle Kocher s’est accélérée en début de semaine après la publication d’une tribune dans Les Echos de 50 personnalités, dont des politiques, demandant son maintien. Une seconde saillie en deux jours puisque dimanche, la patronne d’Engie avait livré au JDD un entretien dans lequel elle faisait fi de sa situation délicate chez Engie. Ciblant une campagne de presse et ne se livrant pas à la moindre auto-critique. "Tout semblait génial pour elle, comme si de rien n’était", s’agace encore un administrateur du groupe. "Ce message était insupportable".

La tribune n’a fait qu’enfoncer le clou, surtout du côté du gouvernement, alors que l’Etat détient 23,64% d'Engie. Le ministre de l’Economie n’a pas apprécié qu’Isabelle Kocher fasse appel à des opposants politique comme Xavier Bertrand et Yannick Jadot. Jusqu’ici bienveillant à son égard, il l’a donc lâchée. Depuis les révélations de BFM Business sur son éviction, en décembre, Bruno Le Maire souhaitait qu’elle termine son mandat pour éviter une révocation brutale. Il a ainsi refusé à deux reprises, en décembre, puis en janvier, qu’Engie ne la débarque. Cette fois était de trop.