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Transports

La patronne de la RATP ne dirigera pas Air France

Le gouvernement ne souhaite pas que Catherine Guillouard prenne la direction de la compagnie aérienne. Les actionnaires d’Air France ont imposé leur modèle de gouvernance et prennent le pouvoir.

Encore un coup dans l’eau. En début de semaine, le nom de Catherine Guillouard, PDG de la RATP, avait été lâché pour prendre la direction d’Air France-KLM. Ce jeudi, le conseil d’administration du groupe tient une réunion téléphonique au cours de laquelle sera fait un point d’étape sur la recherche du futur PDG. Selon plusieurs sources, la patronne de la RATP ne sera pas nommée. Au contraire, sa candidature, datant de plusieurs semaines, n’a jamais vraiment plu à l’Etat, actionnaire à 14% de la compagnie aérienne.

"Elle a beaucoup de choses à faire à la RATP", confie un cadre de Bercy en guise de rejet de sa candidature. Catherine Guillouard dirige la régie des transports parisiens depuis à peine un an et il lui reste un nombre important de chantiers à mener, notamment la réforme des régimes de retraite. "Elle fait beaucoup campagne, ajoute un proche d’Air France, mais la ministre des Transports ne veut pas qu’elle quitte la RATP". Elisabeth Borne ne souhaite pas repartir à la recherche d’un patron de la RATP, une entreprise qu’elle connait bien pour l’avoir dirigée de 2015 à 2017.

Après la candidature éclair et avortée du directeur financier de Veolia, Philippe Capron, c’est la deuxième tentative du comité des nominations d’Air France d’imposer son choix. Lui comme Catherine Guillouard étaient notamment poussés par l’un de ses membres, Jean-Dominique Comolli, ancien haut fonctionnaire de Bercy. Suite à ces échecs, il a, selon plusieurs sources, présenté sa démission du conseil à la présidente, Anne-Marie Couderc, qui lui aurait demandé de rester encore quelques temps.

Le patron de KLM fait consensus

Le processus de sélection du patron d’Air France KLM continue et devrait durer jusqu’à la fin du mois. Trois cabinets de chasseurs de tête sont à la manœuvre. L’Etat actionnaire a demandé à la direction d’Air France que son partenaire KLM et ses actionnaires Delta Airlines et China Eastern Airlines soient associés à la recherche du prochain patron du groupe. "La direction les consulte beaucoup plus", reconnait un cadre. La compagnie américaine avait tapé du poing sur la table il y a quelques semaines pour que son avis soit entendu.

Delta et KLM demandaient la mise en place d’une gouvernance dissociée avec un directeur général, pour redresser la compagnie, et un président non-exécutif pour gérer les relations avec les actionnaires. Ils ont été entendus puisque ce modèle de direction a été fixé comme consigne aux trois chasseurs de tête. Le directeur général recherché doit avoir un profil international. "ll peut être étranger, reconnait un cadre du groupe. Mais il doit quand même être francophone". Le patron de KLM, Pieter Elbers, fait consensus entre la direction et les actionnaires d’Air France pour prendre la direction générale. Mais le néerlandais aurait refusé. A moins qu’il ne change d’avis rapidement, la recherche de l’oiseau rare va encore prendre un peu de temps.

Matthieu Pechberty