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Comment le français Devialet veut devenir le leader mondial du son

Devialet a trouvé des capitaux asiatiques, américains, européens, qatars, ...

Devialet a trouvé des capitaux asiatiques, américains, européens, qatars, ... - Devialet

Devialet vient de finaliser un tour de table qui lui a permis de lever 100 millions d'euros, avec des partenaires de choix comme Jay Z et le fonds souverain du Qatar. Sur BFM Business, Quentin Sannié, cofondateur, précise qu'il souhaite que son entreprise reste "made in France".

Devialet vient d'annoncer une levée de fonds de 100 millions d'euros. Ce tour de table rassemble des capitaux asiatiques, avec le taïwanais Foxconn, le coréen Naver et le japonais Sharp, des capitaux des sociétés de personnalités américaines - le musicien Jay Z et Andy Rubin, l'un des pères du système d'exploitation Android- mais aussi de Renault, du fonds souverain du Qatar et de fonds français. Des partenaires triés sur le volet désireux d'accompagner la pépite française dans son projet de devenir un leader mondial des technologies du son. "Un accompagnement", précise Quentin Sannié le cofondateur et directeur général de la société sur BFM Business. "Devialet ne peut pas se faire sans Devialet". 

"On a vraiment choisi nos investisseurs, et on en a refusé" certains. "Devialet est 100% assemblé en France. On est capable de monter en volumes en France. On va fabriquer et développer en France. On ne veut pas transférer la technologie", précise-t-il sur BFM Business. Et il ajoute: "Cela fait plus de 10 ans qu'on développe cette technologie. On a un savoir-faire incroyable. Nous avons 60 ingénieurs aujourd'hui, nous en aurons 120 dans un an". Car l'ambition de Devialet est bien de devenir "le leader du son".

L'actionnariat restera à plus de 80% français

Pour l'entrepreneur, les technologies de Devialet appliquées aujourd'hui à des amplificateurs haut de gamme qui allient la qualité de l'analogique et la puissance du numérique, peuvent être associés à une vaste gamme de produits, des voitures, aux téléviseurs en passant par les objets connectés. 

Quentin Sannié précise, en effet: "La technologie dans cette enceinte pourra être développée dans d'autres produits comme des télévisions, des voitures, ... Nous sommes les seuls au monde à savoir le faire".

Le groupe qui avait levé précédemment 55 millions d'euros, dont 40 auprès des hommes d'affaires français Bernard Arnaud, Xavier Niel, Jacques-Antoine Granjeon et Marc Simoncini, doit "passer à une échelle supérieure", explique-t-il. Mais l'actionnariat restera à plus de 80% français et la société gardera son indépendance. "On ne vend pas la boîte, ça reste une entreprise française mais à vocation mondiale: il faut être fort en Asie et en Californie, là où la conception des produits se fait", expose Quentin Sannié.

Devialet gagne ainsi le soutien du géant taïwanais de l'électronique Foxconn, et de son fonds d'investissement européen, Ginko, dirigé par Jean-François Baril, ancien dirigeant de Nokia. Le groupe japonais Sharp, racheté par Foxconn, a participé au tour de table, ainsi que le leader des moteurs de recherche en Corée Naver et le fonds d'investissement européen Korelya, que dirige l'ancienne ministre Fleur Pellerin, abondé par Naver et sa filiale Line. Devialet peut devenir une licorne d'ici 5 ans", c'est à dire dépasser le milliard d'euros de valorisation, a dit Fleur Pellerin à l'AFP. Jean-François Baril et Fleur Pellerin vont entrer au conseil d'administration.

"Démocratiser" le son Devialet

Aux États-Unis, Devialet va être appuyé par ses nouveaux investisseurs, Playground Global, l'incubateur d'Andy Rubin dédié aux objets connectés et Roc Nation, la société du très influent mari de Beyoncé, Jay Z, qui voudrait "démocratiser" le son Devialet.

Le groupe automobile Renault qui "considère que l'acoustique dans une voiture va devenir clef", rejoint l'aventure sous l'impulsion de son patron Carlos Ghosn. Future French Champions, le fonds d'investissement cofondé par le fonds souverain du Qatar et la Caisse des dépôts des Consignation, ainsi que CM-CIC, le fonds créé par le Crédit Mutuel CIC et BpiFrance, sont aussi de la partie.

Devialet qui compte sept magasins et une vingtaine de cabines acoustiques dans des grands magasins, veut étendre rapidement son réseau de distribution. Il va ouvrir entre 7 et 10 magasins l'an prochain aux États-Unis, en Asie et en Europe et compte sur ses partenaires pour obtenir des emplacements stratégiques. Il va investir entre 40 à 50 millions d'euros par an pour déployer ses technologies dans d'autres secteurs et embaucher au rythme d'une personne par jour l'an prochain pour passer de 230 salariés, dont 70 ingénieurs, à plus de 500 fin 2017.

Avec 30.000 "Phantoms", son produit star, vendus depuis son lancement, Devialet est déjà rentable. Elle devrait enregistrer des ventes de 65 millions d'euros cette année, après plus de 30 millions l'an dernier. Et elle vise un doublement de son chiffre d'affaires chaque année.

D. L. avec AFP