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La pile à combustible, la révolution attendue de l'automobile électrique?

Gros plan sur un pistolet d'hydrogène dans une station de distribution.

Gros plan sur un pistolet d'hydrogène dans une station de distribution. - Blaise Bernard / Total

Invité sur le plateau de Good Morning Business, le directeur général de l'équipementier Faurecia, Patrick Koller, mise beaucoup sur cette technologie qui permettrait de se passer de la batterie.

Pendant que le secteur de l'aéronautique planche sur l'avion à hydrogène, celui de l'automobile travaille aussi sur sa révolution verte. Et elle pourrait s'appeler "pile à combustible". Une chose est sûre, l'équipementier Faurecia y croit dur comme fer: "c'est une technologie qui est encore à un niveau artisanal, du point de vue de sa production" et donc qu'il "va falloir maintenant très rapidement industrialiser" explique son directeur général Patrick Koller, invité lundi sur le plateau de Good Morning Business.

Concrètement, la pile à combustible fonctionne intimement avec de l'hydrogène. Elle génère de l'électricité par un procédé chimique, à savoir l'interaction entre l'hydrogène et l'oxygène, qui produit de la vapeur d'eau. L'alimentation de la pile perdure tant qu'elle est alimentée en hydrogène. Loin d'être une invention récente, elle a été mise au point au milieu du 19ème siècle et certains véhicules commercialisés sont déjà équipés de piles à combustible.

"Ce sont des techniques que nous connaissons, des process que nous maîtrisons" souligne d'ailleurs Patrick Koller. Et cette technologie présente de sérieux avantages par rapport à la batterie classique. La pile "se recharge de la même façon que vous le faites aujourd'hui avec une voiture thermique. C'est aussi rapide que cela" poursuit le patron de Faurecia.

Effectivement, il s'agit de remplir le réservoir d'hydrogène et non de recharger des batteries avec d'électricité. De la même façon, cela permettrait d'en finir avec les batteries composées de métaux rares dont l'extraction est très polluante pour les sols.

Baisser les prix

En revanche, le coût réel reste important. Deux véhicules à hydrogène existent pour les particuliers en France: le Hyundai Nexo et le Toyota Mirai. Tous deux coûtent plus de 75.000 euros.

"Nous pensons que nous serons capables de réduire les coûts très rapidement" assure le patron de Faurecia. "Notre objectif, c’est d'être au niveau du coût du diesel pour les véhicules utilitaires à partir de 2025. Et entre 2025 et 2030, rejoindre la courbe des coûts des voitures électriques à batterie."

Nouvelles perspectives pour les industriels

Mais même une fois l'obstacle du coût dépassé, la pile à combustible ne présente toujours pas que des avantages. D'abord, elle contient du platine, rare et très cher, même si les ingénieurs sont parvenus à réduire drastiquement la quantité nécessaire pour faire fonctionner une pile à combustible. De la même façon, elle a une durée de vie de quelques milliers d'heures, loin des standards des batteries. Mais là encore, des progrès ont été réalisés pour améliorer les capacités des piles. L'année dernière, l'entreprise tricolore Symbio, détenue par Faurecia et Michelin, a ainsi multiplié par trois l'autonomie des piles pour fournir deux utilitaires à hydrogène à Renault : Kangoo et Master.

D'autres constructeurs planchent aussi activement sur la technologie. Récemment, Daimler et Volvo se sont alliés pour développer des piles à combustible pour les poids lourds.

Mais les bornes à hydrogène sont encore trop peu nombreuses pour les usagers: une cinquantaine dans toute la France. Suffisante pour les flottes de professionnels mais encore trop peu nombreuses pour les particuliers.

Thomas Leroy