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La Poste propose de doubler les embauches de facteurs en 2017

La Poste prête à embaucher en 2017.

La Poste prête à embaucher en 2017. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

En négociations avec les syndicats depuis l’automne, la direction de La Poste a fait des propositions fortes notamment en proposant de doubler le nombre d’embauches de facteurs en 2017. De leur côté, les syndicats sont partagés face à ces annonces.

La direction de La Poste a abattu de nouvelles cartes ce jeudi soir en proposant de doubler le nombre d'embauches de facteurs en 2017, dans la dernière phase de négociations sur leurs conditions de travail, un engagement que les syndicats ont salué de manière mesurée. Les négociations démarrées à l'automne, dans un contexte pesant pour le groupe postal, avec la médiatisation de plusieurs cas de souffrance au travail, dont des suicides, se sont terminées jeudi.

Pour tenter d'obtenir l'adhésion des syndicats, la direction a dévoilé de nouvelles "mesures concrètes et immédiates", selon un communiqué envoyé en soirée. En cas d'accord, le groupe postal envisage notamment de doubler en 2017 les recrutements de facteurs en CDI pour porter leur nombre à 3.000, une annonce qui a été accueillie diversement.

SUD-PTT a dénoncé "un chiffre homéopathique" au regard de l'insuffisance des effectifs actuels, selon son représentant Eddy Talbot. La CFDT a salué en revanche "un geste fort de l'entreprise" et, plus globalement, un accord qui "dans sa globalité nous va". Un nouveau texte sera transmis aux syndicats en début de semaine prochaine, avant une ultime séance de relecture le 23 janvier.

3000 à 5000 emplois supprimés chaque année

La question de l'emploi est sensible à La Poste, où 3.000 à 5.000 emplois de facteurs ont été supprimés chaque année depuis 2005. Cette restructuration, consécutive à une baisse des volumes du courrier (30% de 2008 à 2015), génère une grave dégradation des conditions de travail et de santé des agents, selon les syndicats. Les négociations portaient donc également sur la gestion du temps de travail des 70.000 facteurs, les rythmes et charges de travail et les remplacements, notamment.

Dans son communiqué, la direction met en avant des mesures pour associer les facteurs "à l'évaluation de leur charge de travail" et assurer "une organisation des tournées en adéquation avec leur journée de travail". Son projet déboucherait également sur "la mise en place d'une filière de ‘facteurs remplaçants’, avec une valorisation de cette nouvelle fonction en termes de rémunération et d'évolution de carrière". L'encadrement pourrait bénéficier de promotions nouvelles et de "parcours qualifiants", selon la direction.

L'entreprise envisage par ailleurs des investissements pour rénover les locaux (6 millions d'euros) et pour agir sur la qualité de vie au travail (9 millions d'euros). Selon la CFDT, la direction a également apporté jeudi "des garanties sur la 'sécabilité'" (quand un facteur se voit attribuer un secteur supplémentaire, en plus de sa tournée), qui serait désormais limitée à 30 jours par an par agent.

La CFDT satisfaite

A l'issue de la négociation, seule la CFDT a exprimé sa pleine satisfaction. Force ouvrière a relevé pour sa part "un pas de fait en matière d'embauches", mais elle "attend encore des avancées sur le cas des conditions de travail", d'après sa négociatrice Martine Buty. SUD-PTT, qui a annoncé qu'il ne signera pas le projet d'accord final, s'est montré encore plus critique.

"La Poste occulte la crise sociale, qui va continuer", a regretté un de ses représentants, Pascal Panozzo. Dans le projet de la direction, "il n'est même pas fait mention des risques psycho-sociaux", selon lui. Pour être validé, le projet d'accord devra recevoir l'aval de syndicats totalisant plus de 30% aux dernières élections professionnelles. La position de FO devrait être déterminante.

La CGT, qui n'a pas souhaité s'exprimer jeudi soir, et SUD pourraient faire valoir leur droit d'opposition, uniquement si la représentativité au sein de la branche courrier, dans laquelle ils totalisent 50%, était retenue. Au sein du groupe, ils n'atteignent que 49%.

P.L avec AFP