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La poudrière militaire Vauban héberge un datacenter dernier cri

Parmi les contraintes à respecter, l’ancienne poudrière devait rester visible de l’extérieur mais toute la technologie installée à l’intérieur devait être masquée.

Parmi les contraintes à respecter, l’ancienne poudrière devait rester visible de l’extérieur mais toute la technologie installée à l’intérieur devait être masquée. - Andia-Day on mars

La PME Decima exploite un datacenter dans l'ancienne poudrière de la citadelle Vauban d'Arras. Si son aspect extérieur a été restauré, le bâtiment masque un intérieur bardé de technologies pour l'hébergement de serveurs.

Exploiter la technologie informatique dernier cri au coeur d'un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est la prouesse réalisée par la PME Decima. Elle a investi deux millions d'euros dans la construction d'un datacenter installé dans la poudrière de la citadelle Vauban d'Arras (Pas-de-Calais) datant de 1670 et laissée par l'armée à la ville en 2009.

Cette PME familiale de 180 personnes utilise son nouveau site informatique, conçu par Schneider Electric, pour le stockage des données de sa clientèle.

Préalablement, il lui aura fallu restaurer le bâtiment historique. Celui-ci devait rester visible aux yeux des visiteurs de la citadelle, tout en dissimulant les systèmes informatiques, électriques et de refroidissement placés en son coeur.

Les architectes des Bâtiments de France ont donné leur avis

La réhabilitation extérieure et l'installation interne des équipements ont notamment dû respecter les parois existantes, sous l'oeil expert et les recommandations des architectes des Bâtiments de France.

"Les façades du bâtiment ont été restaurées selon les techniques et les matériaux de l’époque mais, lorsqu'on entre dans la poudrière, les murs abritent des serveurs informatiques dans des conditions hautement sécurisées" explique Jérôme Decima, co-président de l’entreprise.

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- © Parmi les contraintes à respecter, toute la technologie implantée à l’intérieur de la poudrière devait être masquée. Crédit photo : Andia-Day on mars

Seule concession à la modernité visible, un discret lecteur externe de badge a été fixé sur la porte en bois extérieure du bâtiment.

Après avoir franchi avec ce badge cette porte et un premier mur d’enceinte, on pénètre dans le datacenter par un sas vitré et blindé garantissant sécurité et confidentialité.

Par chance, cet ancien site militaire occupé par l'armée nécessitait de la puissance électrique dont le datacenter a pu bénéficier, moyennant des adaptations. Le site dissimule aussi derrière ses murs une installation assurant la production de froid.

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- © L'accès au datacenter est sécurisé par l'authentification de l'identité du visiteur par biométrie. Crédit photo : Andia-Day on mars

Le recours à la géothermie permet de rafraîchir les serveurs informatiques de manière naturelle avec de l'eau puisée à 40 mètres de profondeur à une température d’environ 10 degrés (à plus ou moins 2 degrés). Elle passe ensuite par les échangeurs pour refroidir le système, avant d’être rejetée en aval à 17 degrés maximum.

À ce premier niveau de climatisation, Schneider Electric a associé une solution complémentaire de free cooling. L’air ambiant extérieur est aspiré quand celui-ci est inférieur à 7°C, en le dépoussiérant et le déshumidifiant, pour refroidir et ainsi réduire encore plus la facture énergétique.

La tuyauterie liée au refroidissement ainsi que les câbles électriques utilisent les orifices et espaces aménagés à l'époque de la construction de la poudrière sous l'ère Vauban. Cette concession à l'histoire va de pair avec l'utilisation d'un outil logiciel sophistiqué de Schneider Electric pour suivre en temps réel la consommation électrique et refacturer individuellement ses clients.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco