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Transports

La RATP roulera-t-elle bientôt en bus électriques chinois?

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L - La PME alsacienne DCG est associé au Chinois Yutong depuis 2015. Yutong-Dietrich Carebus Group

Sur les sept bus électriques déjà testés par la RATP, deux sont d'origine chinoise. Forts des marchés déjà remportés en Chine, ces deux industriels -BYD et Yutong- jouent la carte de l'implantation locale pour mieux satisfaire à l'appel d'offres lancé par la régie publique de transport.

Les industriels chinois lorgnent avec gourmandise le plus important marché public d’Europe pour l’achat de bus électriques. Présenté le mercredi 24 janvier par la RATP et Ile-de-France mobilités, l'autorité organisatrice régionale des transports, l'appel d'offres portera sur 1000 véhicules (dont 250 ferme) à batteries, pour un montant maximum de 400 millions d'euros.

En prévision de ce marché, l'entreprise publique de transport a testé des bus électriques de sept industriels: les français Heuliez, Bolloré et NTL-Alstom, les chinois Yutong et BYD, l'espagnol Irizar et le polonais Solaris.

Si les deux industriels chinois sont les seuls acteurs non-européens de cette pré-sélection, ils ont pour eux de bénéficier d'un marché intérieur déjà conséquent. Ils ont déjà fourni en Chine des milliers de véhicules électriques, amortissant ainsi les coûts de développement de ces matériels. Or, l'argument prix jouera un rôle clé dans le futur marché public. La RATP mise sur 1000 bus pour 400 millions d'euros, soit un prix unitaire avoisinant 400.000 euros, alors que le prix actuel d'un bus 100% électrique se situe plutôt à 500.000 euros.

Outre l'atout prix, point fort traditionnel des industriels chinois, Yutong et BYD ont pris de soin de "localiser" leurs offres dans l'Hexagone pour mieux séduire les grands marchés publics en France et éviter toute critique sur leur origine extra-européenne.

Le plus avancé dans cette démarche est le groupe BYD, qui possède déjà une usine en Hongrie. Ce fabricant de voitures et de bus électriques a repris en 2017 une ancienne friche industrielle de Michelin à Allonne (Oise) près de Beauvais. Il prévoit d'y assembler des bus tout électriques "made in France" sur ce site qui emploiera de 100 à 115 personnes courant 2018.

Un autocariste travaillant à Paris s'équipe en bus chinois

Quant à Yutong, constructeur mondial d’autocars et d’autobus présent dans plus de 140 pays, il se démarque de son compatriote en jouant la carte du partenariat local. Il est associé à l'industriel alsacien Dietrich Carebus Group (DCG) depuis 2015. La PME française commercialise ses bus électriques en France, Allemagne, Benelux et en Suisse, qu'elle prévoit d'assembler en Alsace.

DCG a même réussi un joli coup commercial en équipant indirectement, avec les bus de son partenaire chinois, la capitale, ravie de cette aubaine. La PME a fourni en 2017 12 cars électriques (modèle Yutong ICE12 de 59 places, à l'autonomie de 250 km) à la compagnie Savac qui effectue du transport scolaire pour la ville de Paris.

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- © L'autocariste Savac utilise 12 bus 100% électriques du chinois Yutong et distribués par le français Dietrich Carebus Group (DCG). DCA-Savac

Au cas où, malgré leurs efforts, les deux constructeurs chinois de bus électriques n'étaient pas retenus par la RATP, ils auraient la possibilité de concourir à un autre appel d'offres géant portant également sur les bus électriques.

Ile-de-France Mobilités compte lancer très prochainement un appel d'offres portant sur "environ 450 bus" électriques destinés au réseau Optile, exploité par des transporteurs privés (comme Keolis ou Transdev) en grande couronne parisienne. Un joli lot de consolation en perspective pour les éventuels perdants du premier appel d'offres.

Frédéric Bergé