La recette du Japon pour pousser ses salariés à moins travailler
Le Japon veut inciter les salariés à quitter leur bureau plus tôt... une fois par mois. Au pays du Soleil Levant, les salariés passent beaucoup de temps sur leur lieu de travail: 20% d'entre eux sont présents 50 heures par semaine, soit 10 de plus que la durée légale. Et certains effectuent plus de 80 heures supplémentaires par mois. De plus, ils prennent peu de vacances. Légalement, ils ont droit à 20 jours de congés payés, mais, en moyenne, n'en prennent que la moitié.
Le gouvernement a décidé d'inciter salariés et fonctionnaires à quitter leur poste à 15 heures le dernier vendredi de chaque mois, relate Bloomberg. Baptisée Premium Friday, cette invitation officielle à souffler une fois par mois sera lancée le 24 février. L'organisation patronale Keidanren a déjà indiqué qu'elle encouragera les 1.300 entreprises adhérentes à prendre part à cette initiative.
Le karoshi, reconnue comme maladie professionnelle
Mais pourquoi le gouvernement souhaite-t-il que ses salariés lèvent un peu le pied au travail? D'abord pour des raisons de santé publique. Les salariés japonais vivent sous pression. Stress, manque de repos sont des maux récurrent chez les salariés, dont un nombre croissant souffrent de burn-out et de dépression. Les cas les plus extrêmes peuvent mener à la mort, soit par arrêt cardiaque soit par suicide. Le phénomène a pris une telle ampleur qu'il porte un nom le "karoshi", ce qui signifie "mort par excès de travail". Une pathologie reconnue comme maladie professionnelle.
Mais inciter les Japonais à prendre leur vendredi après-midi n'est pas qu'un enjeu de santé publique. Le gouvernement espère aussi que les salariés vont profiter de ces quelques heures pour se détendre en allant flâner dans les boutiques, en allant dîner au restaurant, ou en s'offrant des loisirs. Ce qui pourrait aider à relancer la consommation. Toshihiro Nagahama, un chef économiste interrogé par Bloomberg estime que chaque Premium Friday pourrait se traduire par l'équivalent de 1,5 milliard d'euros de dépenses supplémentaires, si la plupart des travailleurs y participent, y compris dans les PME .