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La Russie développe un OS pour se libérer d’Apple et Google

Cette initiative russe est le signe d’une coupure technologique avec les Etats-Unis.

Cette initiative russe est le signe d’une coupure technologique avec les Etats-Unis. - Alexander Zemlianichenko (AFP)

Depuis l'affaire Snowden, Vladimir Poutine cherche à réduire la présence technologique américaine en Russie. Après avoir créé un navigateur et un réseau social, la Russie prépare un OS mobile avec des anciens de Nokia.

Quand Arnaud Montebourg reprenait il y a un an les propositions de Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, sur la création d’un OS (système d’exploitation) national, le ministre s’est fait railler par le public. L’affaire n’a pas été plus loin. En Russie, les choses sont différentes. Le gouvernement développe un OS mobile pour endiguer la progression de l’iOS d’Apple et de l’Android de Google. 

Selon Ars Technica qui reprend une information publiée par le site russe RBC, le ministre russe de la communication a annoncé un projet dans lequel il voudrait être rejoint par les autres membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

Cette coalition technologique est, de fait, la suite de l’affaire Snowden qui, rappelons-le, réside toujours sous protection en Russie. L’ancien agent américain avait révélé une entente entre la NSA et les géants américains du Net sur la récupération de données par le gouvernement américain. Cette initiative russe est le signe d’une coupure technologique avec les Etats-Unis. Le but du gouvernement est de réduire de moitié la part de marché des deux groupes américains en 10 ans.

Et si le motif est largement politique, il est également économique. Les écosystèmes mis en place par les firmes américaines se basent sur un système dans lequel les revenus profitent peu aux pays d’accueils. 

Un réseaux social pour contrer Facebook

Pour lancer cette offensive, les Russes ne partent pas de zéro. Selon le site RBC, des discussions auraient démarré avec Jolla, la société finlandaise créée en 2011 par des anciens du groupe Nokia. Cette entreprise, qui fabrique smartphones et tablettes, a mis au point Sailfish OS, un système Open Source basé sur Linux. Toujours selon la presse russe, le choix se serait porté sur cette entreprise en raison des groupes russes qui font partis de son capital.

Cette décision n’est pas une première. La Russie a déjà développé Yandex, un navigateur destiné à devenir une alternative à Google, Mozilla, Microsoft ou Apple. Lancé en 2012, il est désormais utilisé dans plusieurs pays de l’ancien bloc de l’Est. En Russie, il s’est déjà accaparé une part de marché de 60%. 

Facebook et son réseau social international n’a pas non plus été oublié par les oligarques. Avec VKontakte, les Russes disposent depuis 2006 d’un réseau social national qui est désormais numéro un dans le pays et qui s’impose en Biélorussie, en Ukraine et au Kazakhstan.

Pascal Samama