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La SNCF pourrait céder des actifs pour compenser le coût de la grève contre la réforme des retraites

La grève a déjà coûté près de 700 millions d'euros à la SNCF

La grève a déjà coûté près de 700 millions d'euros à la SNCF - Mehdi Fedouach -AFP

Une future "règle d'or" pour interdire "un endettement excessif" avait été annoncée par le gouvernement. Or, la grève continue de creuser la dette de l'entreprise indique son patron dans Paris Match.

La SNCF envisage de céder des actifs pour atteindre comme prévu "l'équilibre économique" à la fin du quinquennat en 2022, ses finances étant affectées par le coût de la grève, a averti son PDG Jean-Pierre Farandou dans un entretien à Paris Match publié jeudi.

La longue grève du printemps 2018 avait fait fondre le bénéfice de la SNCF, tombé à 141 millions d'euros, contre 1,5 milliard en 2017. Le Premier ministre avait ensuite annoncé en mai 2018 une future "règle d'or" pour interdire "un endettement excessif", en parlant d'une SNCF à "l'équilibre économique" avant 2022, en contrepartie de la reprise d'une partie de la dette de SNCF Réseau par l'Etat.

Concernant la grève qui dure depuis le 5 décembre, "même si nous devons encore mesurer plus finement l'impact, ce n'est pas une bonne nouvelle. Le point de départ de la trajectoire sera dégradé", a reconnu Jean-Pierre Farandou. "Serons-nous capables de redresser le cap?", s'est-il interrogé. "Pour la marge opérationnelle, ce sera difficile. Mais nous pourrions retrouver l'équilibre attendu en maîtrisant la dette, y compris en réalisant des cessions d'actifs", a-t-il ajouté.

S'il est "encore prématuré" de dire lesquelles, "nous pouvons revisiter notre portefeuille et voir ce qu'il est possible de céder dans les mois qui viennent", a-t-il dit au magazine.

"700 millions de chiffre d'affaires perdu"

Concernant le coût de la grève contre la réforme des retraites depuis le 5 décembre, "il y a d'abord le coût direct de l'activité que nous n'avons pas réalisée, tous les billets que nous n'avons pas vendus, toutes les tonnes de fret que nous n'avons pas transportées. Cela s'élève à environ 20 millions d'euros par jour", a rappelé M. Farandou.

"Nous allons bientôt dépasser les 700 millions de chiffre d'affaires perdu", a-t-il déploré. "Sur les TGV (...), nous avons bon espoir que les voyageurs reviennent massivement. Les clients qui n'ont pu voyager ont été remboursés", a-t-il noté.

Sur les TER de province en revanche, "les gens s'organisent autrement pour leurs trajets régionaux, en covoiturant ou en prenant le car" et une partie risque de ne pas revenir vers le train, selon lui. "Ensuite, nous savons que notre image est abîmée", a déploré le PDG de la SNCF.

Dans une lettre au secrétaire général de la fédération CGT des cheminots Laurent Brun, Jean-Pierre Farandou avait jugé mardi la situation "grave" et préoccupante" pour l'entreprise. "Une entreprise et ses salariés ne sortent jamais indemnes de plus d'un mois de grève", avait-il déploré.

Interrogée par l'AFP, la direction SNCF juge pour l'instant prématuré de quantifier plus précisément l'impact financier d'un conflit qui n'est toujours pas fini.

T.L avec AFP