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La start-up la plus secrète des États-Unis paie très cher le silence de ses salariés

Le Pdg de Palantir Alex Karp a fait débloquer 225 millions de dollars pour s'assurer du silence de ses salariés.

Le Pdg de Palantir Alex Karp a fait débloquer 225 millions de dollars pour s'assurer du silence de ses salariés. - Scott Olson - Getty Images - AFP

La société californienne Palantir qui travaille avec les plus grandes agences du renseignement américain a proposé à ses salariés de racheter leurs actions pour s'assurer qu'ils ne divulguent aucun secret dans la presse.

C'est une des start-up les discrètes du monde. Palantir a beau être la cinquième licorne de la planète en terme de valorisation (20 milliards de dollars), rares sont ceux qui savent ce qu'elle fait concrètement et quels sont ses clients. Et pour une bonne raison. Parmi ces derniers figurent, selon le site Techcrunch, rien moins que la CIA, la NSA, le FBI, les US Marines, l'Air force ou encore les Opérations spéciales, autrement dit le gratin des agences américaines. Du coup Palantir qui est spécialisée dans l'étude de données (le Big Data) est un peu l'antichambre technologique du renseignement des États-Unis.

Une activité qui exige évidemment une discrétion absolue de la part de ses salariés. Et pour être sûr de l'obtenir, la société de Palo Alto n'hésite pas à payer au prix fort le silence de ses salariés. Ainsi, il y a quelques mois, a-t-on appris que Palantir s'apprêtait à racheter pour 225 millions de dollars d'actions à ses salariés et anciens collaborateurs. Chaque employé détenteur de titres de la société pourra donc en céder jusqu'à 12,5%, ce qui représente en moyenne pour chacun d'entre eux quelque 500.000 dollars. 

Transmettre les mails des journalistes

Mais pour toucher ce joli pactole, encore fallait-il signer le petit avenant. Et selon le site BuzzFeed qui révèle l'information, celui-ci est très exigeant en ce qui concerne la discrétion et le dévouement des salariés vis à vis de l'entreprise. Il comprend notamment ces quatre clauses:

1. Le renouvellement des accords de confidentialité.

2. L'interdiction pour les anciens collaborateurs de débaucher des employés de Palantir durant 12 mois.

3. La promesse de ne pas poursuivre la compagnie ou ses dirigeants.

4. L'obligation de ne pas parler à la presse - et la promesse de transmettre à la société les e-mails de journalistes reçus par les salariés dans les trois jours qui suivent leur réception.

De quoi être sûr qu'aucune information ne filtrera à l'avenir. Car si Palantir a créé un mur du silence autour d'elle c'est qu'elle subit depuis quelques temps un grand turn-over. Selon BuzzFeed, plus d'une centaine de salariés auraient quitté l'entreprise depuis le début de l'année. La société qui travaille aussi avec des entreprises privées aurait perdu de gros contrats dont Coca-Cola, Nasdaq ou American Express ce qui aurait suscité des tensions en interne. D'autant que la start-up, bien que valorisée 20 milliards de dollars, n'aurait jamais généré de bénéfices depuis sa création en 2004. Or, qui dit tensions en interne et gros turn-over, dit risque de voir des informations confidentielles ébruitées dans la presse. Un risque que cette société ne peut en aucun cas prendre. Elle a donc préféré sortir le carnet de chèque pour s'offrir le silence de ses salariés. Mais elle n'a peut-être pas payé assez cher vu que cette information est tout de même sortie...

Frédéric Bianchi