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La Suisse n'est plus paradisiaque pour les fraudeurs fiscaux

La Suisse est devenue beaucoup moins paradisiaque pour les fraudeurs

La Suisse est devenue beaucoup moins paradisiaque pour les fraudeurs - Fabrice Coffrini - AFP

Depuis l'éclatement de l'affaire Cahuzac, la Suisse est presque devenue un enfer pour les personnes y détenant des avoirs non déclarés. Mis sous pression, les banquiers incitent leurs clients à retirer leur argent.

Le couperet est tombé pour Jérôme Cahuzac. Ce jeudi 8 décembre, l'ex-ministre délégué au Budget a été condamné à une lourde peine de trois ans de prison et cinq ans d'inéligibilité pour fraude fiscale et blanchiment d'argent, soit exactement ce que le parquet requérait. Une décision dont il a fait appel. 

L'ex-membre du gouvernement était passé aux aveux en 2013, lorsqu'il avait reconnu détenir un compte en banque en Suisse, au sein de la banque Reyl, également condamnée.

Depuis, les pratiques dans le pays helvétique ont radicalement changé et la Suisse n'est clairement plus un paradis. Elle est même devenue un cauchemar pour ceux qui y logent encore de l'argent non déclaré.

De l'argent placé dans les oeuvres de bienfaisance

Les avocats fiscalistes expliquent comment leurs clients ont tout simplement été chassés des banques suisses. Une pratique qui vaut pour tous les établissements, les grandes comme les petites banques.

L'un d'entre eux raconte comment ses clients ont un jour été appelés par leur banquier suisse, directement sur leurs téléphones portables, ce qui jusqu'ici ne se faisait jamais, discrétion oblige. Ces clients ont ensuite reçu un ultimatum leur demandant de récupérer leur argent.

Certains clients français se sont du coup tournés vers la cellule de régularisation de Bercy. D'autres, qui ne voulaient surtout pas que le fisc mette le nez dans leurs affaires ont cherché par tous les moyens à liquider leur compte, en multipliant les petits retraits ou en achetant des oeuvres d'art. Une partie d'entre eux ont même préféré donner leur argent à des oeuvres de bienfaisance, de peur d'être un jour dénoncés par leur banquier.

Car si les banques suisses mettent une telle pression, c'est qu'elles savent qu'elles seront elles-mêmes rattrapées par la patrouille. Dès 2018, avec l'entrée en vigueur de l'échange automatique d'information, elles seront considérées comme responsables quand elles hébergeront des avoirs non-déclarés.

Caroline Morisseau, édité par J.M.