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La Suisse veut devenir le champion du secret des données numériques

Le Patriot Act américain et la Loi renseignement votée en France font finalement les affaires de nos voisins helvétiques.

Le Patriot Act américain et la Loi renseignement votée en France font finalement les affaires de nos voisins helvétiques. - Fabrice Coffrini - AFP

Les principaux hébergeurs de données helvétiques se sont fédérés pour créer un label et mettre en avant les avantages du stockage dans leur pays. Ils garantissent à leurs clients que leurs coffre-forts numériques seront à inviolables et que seul un juge pourra y fourrer son nez.

Le secret bancaire est mort, vive le secret des données personnelles. Le Patriot Act américain et la Loi renseignement votée en France l'an dernier pourraient finalement faire les affaires de nos voisins helvétiques qui modernisent leur législation sur les données. Leur but: devenir une sorte de paradis mondial des données personnelles.

Les principaux acteurs suisses du stockage en ligne (Abissa, SafeHost, Deltalis, Solnet…), se sont fédérés autour de Vigiswiss, une association qui garantit à ces tiers que leurs data seront protégés envers et contre tout. A l'abri donc des intentions malhonnêtes des cyberdélinquants mais aussi de la curiosité des administrations nationales ou étrangères.

Laurence Jovignot-Halifi, présidente du comité stratégique de Vigiswiss, a expliqué sa méthode au magazine économique suisse Bilan: "Il s’agit de proposer un coffre-fort inaltérable pour préserver la mémoire numérique mondiale. L’offre s’adresse aussi bien aux gouvernements qu’aux entreprises ou aux organisations pour conserver et protéger leurs données confidentielles."

Une concurrence de plus pour OVH

La législation helvétique ne permet aucun contrôle administratif sur ces informations comme le font les États-Unis ou la France. Seul un juge est habilité à lever le secret des données. Les membres de Vigiswiss s'engagent "à garantir un certain niveau de sécurité, à ne pas héberger des données illégales et à être régulièrement audités par un organisme indépendant".

Face à cette stratégie, les professionnels français du Cloud risquent de faire grise mine. En plein débat sur la loi renseignement, OVH s’inquiétait de ses conséquences sur les libertés individuelles, mais aussi sur l’activité des hébergeurs français.

Octave Klaba, patron d’OVH, indiquait, avant le vote, qu’il risquait de perdre 40% de son activité et évoquait son départ de France pour l’Allemagne. Pour le dirigeant, "le manque de confiance explique en partie le problème de la croissance et la faiblesse des investissements. Et là, on sabote le peu de confiance". Le message a visiblement été entendu par ses confrères suisses.

Pascal Samama