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Transports

La vente de 36 Rafale à l'Inde officialisée

La France et l'Inde ont finalement signé le contrat ce vendredi 23 septembre portant sur la vente de 36 avions de chasse à New Delhi.

L'issue finale d'un feuilleton long de presque cinq ans. La France et l'Inde ont signé vendredi l'achat par New Delhi de 36 avions de chasse Rafale du constructeur Dassault pour près de huit milliards d'euros, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian et son homologue indien Manohar Parrikar ont paraphé à New Delhi l'accord intergouvernemental négocié pendant près d'un an et demi. C'est le plus cher contrat jamais décroché par l'aéronautique militaire française.

"C'est le signe d'une réussite basée sur la performance de l'avion mais aussi sur la confiance que les Indiens nous ont témoigné et d'une preuve de patience puisqu'on a beaucoup travaillé", a affirmé Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, sur Europe 1, rappelant que les discussions avaient commencé en 2007. 

"Cet accord marque la reconnaissance, par une grande puissance militaire et stratégique, de la performance opérationnelle, de la qualité technologique et de la compétitivité de l’industrie aéronautique française", se félicite pour sa part François Hollande dans un communiqué publié par l'Élysée.

Un accord de 10.000 pages

L'accord, épais de 10.000 pages, vient mettre fin à un feuilleton de longue haleine et aux multiples rebondissements, qui est au centre des relations entre l'Inde et la France depuis près d'une décennie.

Lors d'un déplacement à Paris en avril 2015, le Premier ministre indien Narendra Modi avait annoncé à l'improviste sa volonté d'acheter 36 Rafale prêts à voler.

Cette demande enterrait un précédent appel d'offres de 126 avions de combat pour lequel Dassault était en négociations exclusives avec l'Inde depuis 2012. Mais les tractations n'avaient jamais abouti.

Des contreparties

L'Inde "voulait ces avions vite, car leur technologie de pointe, leurs missiles, peuvent permettre de faire une différence" stratégique, décrypte pour l'AFP Nitin A. Gokhale, spécialiste des questions de défense.

En contrepartie, Dassault va être cependant contractuellement obligé de réinvestir près de la moitié des sommes perçues dans l'industrie indienne.

Interrogé, Éric Trappier a indiqué à l'AFP que "ces contreparties consistent à acheter des produits indiens, produire et aider à produire des pièces qu'on achète en Inde, aider à développer de nouveaux produits".

"On a une obligation de 50% d'offset. Si le contrat est à 8 milliards d'euros, on a une obligation théorique de 4 milliards. Après il y a des coefficients (un investissement compte plus qu'un achat brut, ndlr). On a négocié le principe, on a des obligations, des délais, des têtes de chapitres (...) maintenant il faut le faire", ajoute-t-il.

Un premier pas

Par ailleurs ce contrat ne pourrait être qu'une première banderille dans le pays. "Les 36 seront une amorce. On va poursuivre les efforts pour aller chercher peut-être le renouvellement (plus large) de l'armée de l'air indienne", indique ainsi Éric Trappier.

L'arrivée des avions de chasse français devrait soulager en partie l'armée de l'air indienne, qui dénonce de longue date un équipement insuffisant et obsolète. Outre la vieille inimitié avec son frère ennemi pakistanais, l'Inde est confrontée à la montée en puissance et l'affirmation de la Chine sur le continent asiatique.

Le marché indien marque un nouveau succès pour le Rafale, qui enregistre ici sa plus grosse commande étrangère. Après des débuts difficiles à l'exportation, le chasseur français avait finalement trouvé preneur en 2015 au Qatar et en Égypte. Les deux pays avaient acquis 24 appareils chacun.

J.M. avec AFP