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Transports

La voiture autonome de Valeo s'attaque à la place de l'Étoile

Après avoir effectué un tour d'Europe et circulé avec succès sur le boulevard périphérique et certaines avenues de la capitale, le Range Rover réaménagé par Valeo va tenter ce lundi de traverser la place de Paris la plus redoutée des automobilistes.

C'est un pas de géant que s'apprête à franchir Valeo. Son Range Rover blanc doit s'engager ce lundi, pour la première fois, dans la zone la plus redoutée de la capitale: la place de l'Étoile. Jusqu’à présent, les tests effectués par les véhicules autonomes se contentaient d'affronter la circulation automobile sur des routes ou des rues parfaitement balisées: marquage au sol, respect strict du code de la route.

Avec ses douze avenues qui se jettent au pied de l’Arc de Triomphe, son absence de marquage au sol et un ordre des priorités inversé, la place de l'Étoile constitue donc un "obstacle" de choix pour ce véhicule autonome doté d'une technologie française. Passage en force, accélération et freinage brusques, changements de trajectoires éclairs, tout le contraire de ce que fait, théoriquement, un véhicule autonome.

La prouesse technique réside dans l’analyse en temps réel des données collectées par les multiples capteurs du véhicule, le coffre étant rempli de calculateurs.

Un plan progressif

Derrière le volant, des pilotes spécialement formés pour reprendre la main en cas de problème. D'après nos informations, les tests vont d'abord être effectués pendant quelques jours entre 22h00 et 2h00 du matin, avant de se confronter aux heures de pointe dès octobre prochain. 

Pour obtenir l'aval des autorités, Valeo a soumis à la préfecture de police, en mai dernier, un plan progressif d'expérimentations. C'est la procédure pour chaque nouvel essai. Un programme très détaillé, avec une montée en puissance des difficultés.

D'abord, le véhicule autonome s'est attaqué à des zones où la circulation est "modérément complexe", à des heures où la circulation est réduite (en plein milieu de la nuit) puis à des heures de circulation plus dense.

Dans un second temps, le véhicule s'est confronté aux grandes artères parisiennes. Là encore, d'abord la nuit, puis en journée, et enfin aux heures de pointe.

Un projet accueilli favorablement

Si l'équipementier ne se heurte pas à de fortes résistances, c'est aussi, bien sûr, parce qu'il a déjà su prouver la fiabilité de son système. Notamment sur le périphérique parisien, enfer s'il en est de la circulation, avec un trafic souvent très dense, des embouteillages, des ralentissements intempestifs, des deux-roues entre les files, etc.

"En septembre dernier, une voiture équipée par Valeo a tourné pendant 24 heures sur le périphérique, à 99% en mode autonome, sans aucun problème", explique un expert du secteur. "Valeo nous a fait remonter les conclusions de leurs précédentes expérimentations. Que ce soit sur le périphérique ou dans d'autres villes dans le monde, elles démontrent en effet la fiabilité de leur système", nous confirme-t-on au ministère de l'Intérieur. Où l'on ajoute : "On a en France un acteur leader dans la conduite autonome. On aurait tort de lui mettre des bâtons dans les roues".

Et c'est bien tout l'enjeu de ces essais. "La maîtrise de la conduite autonome, c'est une course mondiale, martèle-t-on chez Valeo. La compétition est extrêmement forte".

Il y a deux ans, le PDG, Jacques Aschenbroich, estimait que la voiture autonome s'imposerait quand elle serait capable de traverser la place de l'Étoile à l'heure de pointe. Valeo est en passe d'y parvenir. Nul doute que l'image fera le tour du monde.

Jean-Baptiste Huet