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La vraie question que les marchés se posent sur les banques, selon le DG de Société Générale

Frédéric Oudéa, le DG de Société Générale

Frédéric Oudéa, le DG de Société Générale - François Guillot - AFP

Société Générale perdait plus de 12% en début de séance sur le CAC40 ce jeudi, souffrant de la défiance des investisseurs sur l'ensemble du secteur bancaire. Interrogé avant l'ouverture du marché sur BFM Business, son directeur général Frédéric Oudéa a tenté de rassurer.

Les résultats de Société Générale ont été solides en 2015 avec 4 milliards d'euros de bénéfices (+49%), selon les chiffres communiqués par la banque ce jeudi 11 février. Mais malgré cela, le titre de l'entreprise est littéralement broyé sur le CAC40, lâchant plus de 12% vers 10h. 

En cause, l'annonce du groupe lors de la publication de ses résultats. Société Générale a ainsi indiqué qu'elle renonçait à son objectif de rentabilité pour 2016 en raison notamment de "l'environnement économique et financier".

En temps normal, cette annonce n'aurait probablement pas autant fait chuter le titre. Mais depuis deux semaines, un climat de défiance vient frapper l'ensemble du secteur bancaire européen en Bourse. L'indice bancaire du Stoxx Europe 600 a ainsi perdu 24% depuis le début de l'année. 

Néanmoins, Frédéric Oudéa, le directeur général de Société Générale, interrogé avant l'ouverture du marché sur BFM Business, s'est voulu rassurant. 

Une exposition au secteur pétrolier négligeable

Il a d'emblée balayé toute comparaison avec la crise de 2008. "La situation est différente. En 2008 on avait une importante masse de crédits à risques liés à l'immobilier américain et dissimulée dans le système financier". "Ce n'est pas le cas aujourd'hui et l'exposition liée au pétrole, seul secteur qui souffre (les autres étant plutôt bénéficiaires de ce qui se passe sur les matières premières), ne représente pas des sommes significatives", ajoute Frédéric Oudéa.

À ce titre, le directeur général de Société Générale a précisé que la dette détenue par sa banque sur le secteur pétrolier américain représentait "0,3% de nos expositions" et était donc "totalement négligeable". De même, Frédéric Oudéa a fait valoir que contrairement à la crise de 2008, les banques n'ont aucun problème de liquidités. "La situation est radicalement différente. Les banques ont accumulé des matelas de liquidités considérables", assure-t-il. Le DG de Société Générale parle ainsi de "sur-réaction des marchés". 

Problème de valorisation

En fait pour Frédéric Oudéa, les interrogations des marchés sont tout autres. "Le véritable sujet posé c'est un sujet de valorisation. Quelle est la rentabilité future des banques? C'est la question posée", dit-il.

Une question cette fois légitime car le secteur fait face à différents défis. D'abord, "le fait que les taux vont rester plus longtemps bas voire négatifs ce qui structurellement n'est pas bon pour les banques". Ensuite "les incertitudes sur la régulation" et enfin "les défis technologiques et numériques qui imposent de revoir les business model", développe-t-il. Et dans ce contexte d'incertitudes, le marché s'y perd un peu.

"Le marché a du mal à mettre des chiffres dans le futur pour valoriser? Donc aujourd'hui on a quelque chose qui me paraît totalement excessif par rapport à la situation économique telle qu'on la ressent en zone euro", assure Frédéric Oudéa. D'autant que "les clients auxquels nous parlons sont plutôt confiants sur leurs perspectives". "Il y a donc une déconnexion entre ce que l'on voit sur le terrain et les incertitudes. Et le marché n'aime pas l'incertitude", conclut-il.

J.M.