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Lacroix tourne la page et se redéploie dans les licences

La maison de couture Christian Lacroix, restée sans repreneur après son plan de redressement, se redéploie dans l'exploitation de licences. La société, qui exploite déjà des licences pour le prêt-à-porter masculin, les robes de mariées, les cravates et le

La maison de couture Christian Lacroix, restée sans repreneur après son plan de redressement, se redéploie dans l'exploitation de licences. La société, qui exploite déjà des licences pour le prêt-à-porter masculin, les robes de mariées, les cravates et le - -

par Pascale Denis PARIS - La maison de couture Christian Lacroix, restée sans repreneur après son plan de redressement, se redéploie dans...

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - La maison de couture Christian Lacroix, restée sans repreneur après son plan de redressement, se redéploie dans l'exploitation de licences et vient d'ajouter quatre nouveaux contrats à son portefeuille de produits dont elle entend préserver l'image et la marque.

La société, qui exploite déjà des licences pour le prêt-à-porter masculin, les robes de mariées, les cravates et le parfum, va lancer quatre nouvelles licences cette année, dans la papeterie haut de gamme avec l'américain Libretto, les lunettes pour femmes avec l'anglo-hongkongais Mondottica, les revêtements muraux en bois avec le français Marotte et les tissus d'ameublement avec l'anglais Designers Guild, a déclaré à Reuters Nicolas Topiol, P-DG de la société.

Après des mois de rebondissements et d'incertitude, la société, placée en redressement judiciaire en juin dernier, a finalement dû mettre en place, fin 2009, le plan de redressement proposé par ses propriétaires, abandonnant ses activités de haute-couture et de prêt-à-porter féminin et licenciant la quasi-totalité de ses salariés.

"L'exploitation de licences peut très bien se passer, sans nuire à la qualité du nom et de l'image, à condition d'être exigeant sur la qualité et très sélectif sur les points de ventes", a précisé Nicolas Topiol.

Christian Lacroix ne conserve aujourd'hui que 12 salariés sur 120, entièrement dédiés à la gestion des licences.

Dans les parfums, celle de Lacroix avec Inter Parfums, qui arrive à échéance fin 2010, ne sera pas reconduite, a précisé Nicolas Topiol, qui a dit souhaiter trouver, à moyen terme, un partenaire comme Coty, L'Oréal ou Puig pour fabriquer des parfums mais aussi des cosmétiques.

RISQUE D'IMAGE

Conscient du risque d'image inhérent à toute activité de licence, Lacroix vient de signer un contrat avec l'agence américaine de marketing Lipman, artisan du renouveau du britannique Burberry, et qui sera chargé de positionner la marque et de gérer ses "codes".

La relance du prêt-à-porter féminin, sujet sensible car intimement lié à l'histoire de la société, n'est pas envisagée à très court terme, mais pourrait intervenir au printemps 2012.

"Il faut prendre son temps, pour bien le penser et le planifier", a souligné Nicolas Topiol.

De nouveaux contrats de licence devraient également être signés dans la deuxième moitié de l'an prochain.

Les sites des ateliers et des salons de haute-couture de la rue du Faubourg Saint-Honoré, ainsi que la boutique qui s'y trouve, fermeront fin mars, tout comme le site dédié à l'administration des ventes et au prêt-à-porter.

L'autre boutique parisienne de la griffe, place Saint-Sulpice, sera gardée ou remplacée, Lacroix souhaitant conserver un magasin dans la capitale, notamment pour son prêt-à-porter masculin.

Le magasin de New York sera lui aussi conservé.

La société anticipe de parvenir à l'équilibre en 2010 - hors coûts exceptionnels de 500.000 à 600.000 euros - pour des revenus de royalties d'environ 5,0 millions d'euros.

Nicolas Topiol estime qu'elle devrait dégager des bénéfices en 2011, avec la montée en puissance des licences, et se fixe pour objectif de parvenir à environ 15 millions d'euros de revenus d'ici huit ou dix ans.

PAS DE RECHERCHE ACTIVE D'UN ACHETEUR

Sur les 14 millions d'euros de créances à l'égard de ses fournisseurs, Lacroix devrait en rééchelonner environ 13 millions sur 10 ans, tandis que les 30 millions de dettes contractés par le groupe Falic auprès de plusieurs de ses entités américaines devraient être convertis en capital.

Lacroix avait accusé une perte de 10 millions d'euros en 2008 sur un chiffre d'affaires de 30 millions.

Depuis la défection du cheikh des Emirats, la société a été tout récemment approchée par trois investisseurs étrangers, "qui n'ont pas précisé leur projet", a indiqué Nicolas Topiol, ajoutant "ne pas activement rechercher à vendre la société".

"Nos actifs sont maintenant attractifs, la société est financièrement restructurée et notre bilan est assaini. Si nous recevons une offre que nous ne pouvons pas refuser, nous verrons", a-t-il dit.

Au total, l'investissement réalisé par le groupe Falic dans la société Lacroix atteint environ 36 millions d'euros, portant entre 150 et 200 millions les montants injectés dans l'entreprise depuis sa création.

Structurellement déficitaire, la maison de couture, créée en 1987 avec le soutien de LVMH puis vendue en 2005 au groupe Falic, n'est jamais parvenue à s'appuyer sur une haute couture pourtant très admirée pour développer un prêt-à-porter et des accessoires capables de rentabiliser l'entreprise.

Le couturier, artiste de la couleur, s'était rendu célèbre par ses collections inspirées par la tauromachie et la Camargue, dont il est originaire. Il avait vendu son nom au groupe LVMH lorsque ce dernier avait décidé de le soutenir.

(Edité par Jean-Michel Bélot)