BFM Business
Conso

Lait contaminé: le PDG de Lactalis s'explique et promet des indemnisations

Pour la première fois depuis le scandale du lait contaminé, le PDG de Lactalis est sorti de son silence ce dimanche 14 janvier

Pour la première fois depuis le scandale du lait contaminé, le PDG de Lactalis est sorti de son silence ce dimanche 14 janvier - BFMTV

Le discret PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, s'est enfin expliqué au sujet du scandale du lait infantile contaminé. Il promet d'indemniser toutes les familles ayant subi un préjudice et précise que 12 millions de boîtes de lait sont concernées par le retrait global des lots incriminés.

Sortant enfin de son silence, le PDG de Lactalis a promis d'indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice" en raison d'une contamination à la salmonelle de produits du géant français du lait.

Dans un long entretien au Journal du Dimanche, Emmanuel Besnier, qui ne s'était jusqu'ici pas exprimé au sujet de l'affaire qui ébranle son entreprise, a assuré avoir eu avant tout à l'esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs, "des bébés de moins de six mois", a-t-il rappelé: "c'est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude".

Après la rencontre vendredi à Bercy entre Emmanuel Besnier et le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le groupe Lactalis avait ordonné la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne), élargissant encore les rappels successifs lancés depuis début décembre.

Le patron du groupe a affirmé avoir lui-même proposé au gouvernement cette mesure qui s'étend à 83 pays.

"Il faut mesurer l'ampleur de cette opération: plus de 12 millions de boîtes sont concernées. Dans nos ordinateurs cela représente 1,3 millions de lignes", a-t-il révélé, assurant que les distributeurs n'auront plus à trier. "Ils savent qu'il faut tout retirer des rayons."

Trente-cinq enfants atteints de salmonellose ont été diagnostiqués en France après avoir consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine Lactalis incriminée, selon les derniers chiffres officiels au 9 janvier.

Des centaines de plaintes déposées

Un cas de salmonellose avéré a en outre été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé de ce lait infantile contaminé et un autre cas reste à confirmer en Grèce.

Interrogé sur les "centaines" de plaintes déposées par des parents de nourrissons dans toute la France, et alors qu'une enquête préliminaire a été ouverte fin décembre par le pôle santé publique du parquet de Paris notamment pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui", Emmanuel Besnier a assuré qu'il ne cacherait rien.

"Il y a des plaintes, il y aura une enquête, nous collaborerons avec la justice en donnant tous les éléments qu'on nous demandera. Nous n'avons jamais pensé agir autrement", a-t-il promis.

Emmanuel Besnier, dont la discrétion est légendaire, n'était pas venu s'exprimer face aux journalistes lors de sa visite à Bercy, entrant même par une porte dérobée. La contamination à la salmonelle dans l'usine de Craon avait été révélée début décembre 2017 au public.

Un problème qui date du premier semestre 2017?

Selon Emmanuel Besnier, les résultats des analyses situent le problème "probablement" au cours du premier semestre 2017. Or, au premier trimestre, "nous avons fait des travaux dans cette usine. À cette occasion, la bactérie peut avoir été réintroduite à l'intérieur des installations", a-t-il suggéré.

Les distributeurs, dont certains ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés après l'annonce de leur retrait, avaient déjà été convoqués à Bercy jeudi soir. Le patron des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a évoqué jeudi une "défaillance" des services de l'Etat.

"Aujourd'hui, nous nous concentrons sur nos responsabilités et pas sur celles des autres", a répondu le patron de Lactalis, qui n'a pas voulu désigner de responsables.

"Notre métier, c'est de mettre des produits sains sur le marché", a-t-il affirmé. "Si cela n'a pas été le cas, c'est notre responsabilité", a-t-il reconnu, soulignant toutefois qu'à son sens, "il n'y a pas eu de manquements de notre part sur les procédures".

"Nous allons tirer les conséquences de cette crise et rétablir un plan de contrôle sanitaire encore plus strict, en concertation avec les autorités" ajoute Emmanuel Besnier.

Lactalis eut un débat avec Bercy sur l'historique des dates de lots à retirer

Les contrôles déjà effectués ont permis de retrouver des boîtes de lait potentiellement contaminées dans des supermarchés, mais aussi dans des pharmacies, des crèches et des hôpitaux.

C'est le rappel des lots de lait infantile en trois étapes en décembre qui a semé la zizanie. Faute d'accord avec Lactalis, Bruno Le Maire a expliqué avoir dû signer lui-même le 9 décembre un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de quelque 600 lots, soit 11.000 tonnes.

"Nous reconnaissons qu'il manquait 5 lots dans le premier fichier que nous avons transmis à Bercy. Cela a été corrigé dès le lendemain. À aucun moment, il n'y a eu volonté de cacher les choses. Nous n'avons eu qu'un seul débat avec l'Administration: c'était le 9 décembre 2017 au matin: Lactalis préconisait un retrait des lots produits après le 1er mai et Bercy voulait remonter au 15 février. La préconisation du gouvernement était la meilleure" a conclu le PDG de Lactalis.

Jé. M. avec AFP