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Accord sur le prix du lait: les agriculteurs arrêtent leurs actions

Au terme d'une nouvelle réunion de négociation débutée tôt ce mardi, les producteurs de lait et le géant laitier sont parvenus à s'entendre sur un prix moyen de 290 euros les 1.000 litres. Les agriculteurs ont donc décidé de stopper leurs actions.

Ce mardi matin avait lieu une nouvelle réunion de négociation entre Lactalis et les représentants des producteurs de lait à la préfecture de Mayenne, à Laval. Ils sont parvenus à un accord, après une longue matinée de discussions, débutées vers 7 heures.

L'accord avec Lactalis fixe le prix de la tonne de lait à "290 euros en moyenne", a précisé Sébastien Amand, vice-président de l'Organisation de producteurs Normandie Centre peu après midi ce mardi.

Valls se réjouit

Le Premier ministre Manuel Valls s'est félicité de cette entente sur Twitter: "Sortie de crise positive pour le secteur laitier. Satisfaction que tous les acteurs se soient mobilisés et aient pris leurs responsabilités", a-t-il écrit.

Cet accord a été obtenu après une semaine de conflit au cours de laquelle les syndicats s'en sont pris à différents sites et à l'image de marque du numéro un mondial des produits laitiers.

Les agriculteurs ont décidé de stopper leurs actions menées dans toute la France. "Comme Lactalis a fait un pas, on en a fait un aussi", a indiqué un porte-parole du principal syndicat agricole. La FNSEA avait notamment entrepris des actions lundi soir devant des sites du groupe laitier et de supermarchés afin de faire monter la pression sur Lactalis, après l'échec des deux premières réunions de négociations qui se sont tenues en fin de semaine dernière.

"Action coup de poing"

Une quinzaine de sites avaient été ciblés lundi soir. Calmes mais déterminés, les producteurs multipliaient alors les protestations, telles que l'"action coup de poing" menée dans le Cantal, à Riom-ès-Montagnes où une quarantaine d'agriculteurs ont déversé du fumier afin d'empêcher la sortie des camions de marchandises d'une usine Lactalis. 

Les sites Lactalis de St Florent-Le-Vieil (Maine-et-Loire) et de Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine) ont par exemple été bloqués par des producteurs. Une vingtaine d'autres agriculteurs ont mené une opération semblable à Condat, toujours dans le Cantal où la FDSEA a demandé aux supermarchés de retirer de leurs rayons les produits Lactalis.

Actions en grandes surfaces

Dans la Manche, des militants FDSEA et JA ont bloqué le site Lactalis de Sainte-Cécile, avant de faire du "filtrage", ralentissant le passage des poids lourds après la visite d'un huissier, a expliqué à l'AFP Jean-Michel Hamel, secrétaire général de la FDSEA de la Manche.

Dans plusieurs départements dont le Morbihan, des actions ont ciblé des grandes surfaces, où les produits Lactalis ont été retirés des rayons. L'entreprise commercialise notamment les marques Lactel, Bridel, Président, Lanquetot et Roquefort Société. Dans le Nord, une soixantaine de producteurs ont manifesté leur mécontentement devant le site Lactalis de Cuincy, près de Douai.

"On a mis symboliquement de la paille devant l'entrée pour montrer qu'ils nous mettent sur la paille (...) Il y a le risque que toute la filière laitière française disparaisse", a déclaré Serge Capron, président des producteurs de lait du Pas-de-Calais.

En Haute-Saône, quelque 120 tonnes de fumier ont été épandues aux entrées du site Lactalis de Loulans-Verchamp, endommageant le circuit interne d'acheminement du lait, a indiqué Alexandre Lacroix, directeur adjoint de la FDSEA de Haute-Saône.

Alexandre Lacroix avait dit espérer "un juste prix du lait, c'est-à-dire 340 euros les 1.000 litres en Haute-Saône" contre environ "250 euros" aujourd'hui.

20% de la collecte de lait française

Deux sessions de négociations ont échoué la semaine dernière, jeudi à Paris et vendredi à Laval. Lactalis avait dans un premier temps accepté le prix de 280 euros proposé par le médiateur des relations commerciales, que les organisations de producteurs avaient cependant refusé.

Ensuite, l'industriel avait proposé une augmentation de 15 euros par tonne de lait, soit environ 271 euros les 1.000 litres, un geste perçu comme un camouflet par les agriculteurs.

Lundi, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait de nouveau jugé qu'il n'était "pas acceptable" que Lactalis soit l'entreprise "qui paye le litre de lait au producteur le moins cher de toutes les laiteries de France", soulignant toutefois ne pas avoir de moyen de pression direct sur l'industriel.

Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis soit 20% de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait sur les 25 milliards produits annuellement en France.

A.R. avec AFP