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L'ancien PDG de Vinci jugé pour rémunération abusive

Le procès d'Antoine Zacharias, ex-PDG du géant français des travaux publics Vinci, s'est ouvert au tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il est poursuivi pour rémunération abusive et risque en théorie jusqu'à cinq ans de prison. /Photo d'ar

Le procès d'Antoine Zacharias, ex-PDG du géant français des travaux publics Vinci, s'est ouvert au tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il est poursuivi pour rémunération abusive et risque en théorie jusqu'à cinq ans de prison. /Photo d'ar - -

par Thierry Lévêque NANTERRE, Hauts-de-Seine - Antoine Zacharias, ancien PDG du géant français des travaux publics Vinci, a nié toute malversation à...

par Thierry Lévêque

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Antoine Zacharias, ancien PDG du géant français des travaux publics Vinci, a nié toute malversation à son procès pour rémunération abusive.

L'audience au tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) est la première de ce type en France depuis le début de la crise financière, qui a mis le sujet en lumière.

"Je n'ai pas fait de mal, j'ai consacré ma vie à cette société (...) Que j'aie touché beaucoup d'argent, c'est un fait, mais ce n'est pas une infraction à la loi", a dit à la barre Antoine Zacharias, 70 ans, qui a déclaré habiter en Suisse.

Jugé pour abus de biens sociaux, il encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende. Sa condamnation serait un précédent.

Le procureur soutient qu'Antoine Zacharias a manoeuvré pour changer les trois membres du comité des rémunérations en 2004 afin d'avoir plus d'argent pour sa retraite, son "parachute doré" et obtenir des stock-options. Selon l'enquête de police, il a ainsi perçu 3,3 millions d'euros de salaire en 2004 contre 2,9 les trois années précédentes, puis 4,2 millions en 2005.

Vinci est partie civile mais dit que les salaires litigieux ont été votés régulièrement et ne demande pas réparation financière, a déclaré Me Georges Jourde, son avocat, position qualifiée à l'audience "d'étrange" par la présidente du tribunal.

À sa retraite en juin 2006, Antoine Zacharias a touché un "parachute doré" de 12,8 millions d'euros, avec une "retraite-chapeau" - payée par la société - de 2,145 millions d'euros par an. Il s'est vu attribuer environ deux millions de stock-options entre 2004 et 2006, pour lesquelles la police estime la plus-value potentielle de 2006 à 124 millions d'euros.

Antoine Zacharias affirme que la société lui a supprimé ces stock-options. Il a perdu le procès intenté à Vinci pour récupérer les gains. Son avocat Hervé Temime assure qu'il n'est resté qu'une partie, sans donner de somme. Le prévenu déclare au tribunal trois logements et 30 millions d'euros de patrimoine.

"FRÊLES ÉPAULES"

La présidente du tribunal a demandé pourquoi le Britannique Quentin Davies - aujourd'hui secrétaire d'Etat à la Défense - avait été choisi comme président du comité des rémunérations modifié en 2004, qui avait avalisé l'augmentation.

"Il était anglo-saxon, c'était une qualité à l'époque. Ils avaient une rigueur, une façon de présenter les choses en terme de rémunération de façon moins sentimentale", a dit le prévenu.

La présidente a déploré que la police n'ait pu auditionner Quentin Davies pour motifs diplomatiques.

Antoine Zacharias a nié avoir fait pression pour le faire nommer ainsi que deux autres membres du comité, tout en déclarant: "Au moment où je le propose, je sais que le conseil d'administration va accepter."

Les trois membres précédents du comité de rémunération, dont l'économiste Alain Minc, ont dit à la police avoir été écartés parce qu'ils s'opposaient aux augmentations.

Le tribunal a souligné qu'après son départ en retraite Antoine Zacharias conservait les jetons de présence en conseil d'administration, le droit aux stock-options, et la présidence de deux comités stratégiques de l'entreprise.

Antoine Zacharias a commencé comme ingénieur en bas de l'échelle en 1973 et fait progresser le résultat net de Vinci de 323% entre 2000 et 2006. Il a souligné, pour sa défense, avoir eu l'appui du conseil d'administration. "Ne laissez pas tout sur mes frêles épaules, le conseil existe", a-t-il dit.

La représentante du parquet a répondu que les membres du conseil d'administration étaient pour beaucoup des dirigeants de société en relations d'affaires avec Vinci.

Le procès se poursuit vendredi.

Édité par Gilles Trequesser