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Le spectaculaire bond des ventes de voitures sera-t-il durable?

Peugeot est la marque française qui a connu le bond le plus spectaculaire en juin (+20,4%)

Peugeot est la marque française qui a connu le bond le plus spectaculaire en juin (+20,4%) - Sébastien Bozon - AFP

En hausse de 15% en juin et de 6% depuis le début de l’année, les immatriculations automobiles en France connaissent une croissance que le secteur n'avait plus connue depuis des années. La fin de la crise ? Pas si sûr. Explications.

Une croissance des immatriculations de 15% en juin, du jamais vu depuis des années sur le marché français. Il s’est ainsi vendu en France 225.645 véhicules particuliers entre le 1er et le 30 juin 2015 contre 196.257 sur la même période un an plus tôt. De quoi sabrer le Champagne pour les constructeurs ? Ce serait peut-être un peu prématuré. D’abord parce qu’il y a un important effet calendaire dans cette croissance spectaculaire. Il y a ainsi eu en juin 2015 22 jours ouvrables pour les concessionnaires contre 20 un an plus tôt. Et deux jours de vente en plus ça compte puisque, corrigé de cet effet, les ventes n’ont ainsi cru que de 4,5% sur la période. Ce qui est bon mais plus si exceptionnel. "Le marché automobile est certes en train de remonter mais sans excès, confirme Pierre Bergeron, analyste à la Société Générale. D’ailleurs nous maintenons nos prévisions de croissance de 2 à 3% sur l’année." Pour info, selon le CCFA, la croissance est de 6,1% depuis le début de l’année.

Un parc de neuf ans d'âge à remplacer

Il n’empêche, après des années de baisse (-13,9% en 2012, -5,7% en 2013), le marché s’est stabilisé en 2014 (+0,3%) et devrait repartir à la hausse en 2015. Plusieurs raisons à cela: la baisse du prix de l’essence, corollaire de celle du pétrole, a redonné depuis quelques mois un peu de pouvoir d’achat aux Français. Par ailleurs, les taux d’intérêt historiquement bas permettent aux constructeurs de faire des offres de crédit particulièrement attractives. Et enfin, il y a le vieillissement du parc qui atteint les neuf ans en France et qui pousse les Français à retourner voir leur concessionnaire. D’autant que les nouvelles technologies comme l’hybride, l’électrique ou même l’habitacle connecté (bluetooth, écrans tactiles...) ont donné un sacré coup de vieux aux modèles des années 2000.

"On arrive un peu au bout du bout de l’âge du parc là avec neuf ans, souligne Pierre Bergeron. Ce n’est pas encore l’Italie et l’Espagne qui en sont à plus de 12 ans mais ça commence à faire beaucoup." Alors que des années durant on analysait le recul des immatriculations comme un changement profond d’habitude de mobilité (d'avantage de location, de partage, de transport en commun), il semblerait que l’automobile n’ait pas perdu tant que ça son pouvoir d’attraction.

Le recul des ventes n’était-il qu’un simple report ? Là encore c’est aller un peu vite en besogne. "En dehors de Paris, où il n’y a pas toutes ces offres de mobilité, la voiture est toujours incontournable, analyse Pierre Bergeron. En revanche pour les citadins, la tendance du "sans-voiture" va se poursuivre il n’y a pas de raison. Moins d’un Parisien sur deux est propriétaire d’un véhicule…"

Les marques françaises moins attirantes

Et les marques françaises là-dedans, profitent-elles de ce retour du beau temps dans le secteur ? Oui, mais pas autant que les étrangères. Ainsi, si Peugeot continue d’attirer les clients avec ses nouvelles gammes (+20,4% en juin et +8,1% depuis le début de l’année), la bonne surprise vient de Citroën, qu’on disait moribond depuis quelques mois et qui signe en juin un encourageant +11,3% (et +11,6% pour DS). En revanche, le succès de Renault est moindre (+9,9% en juin). La marque croit moins fortement que le marché. Idem pour sa petite soeur Dacia (+2,3% en juin) qui a même décroché de 7,5% depuis le début de l’année. Avec ce léger mieux du pouvoir d’achat, les clients se détourneraient du low-cost.

En témoigne l’insolente santé des marques allemandes qui sont le principal moteur de la croissance. De Volkswagen (+26,4%) à Audi (+23,1%) en passant par BMW (+16%), les constructeurs d'outre-Rhin tirent le plus profit de ce regain d'intérêt pour l'automobile en juin. Mais le champion toute catégorie est l'italien Fiat. La marque turinoise, qui signe un spectaculaire retour depuis quelques mois avec ses déclinaisons de 500, est celle qui a signé la plus forte croissance parmi les gros vendeurs d'automobiles dans l'Hexagone avec près de 32%. 

Frédéric Bianchi