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Assurance Banque

Le Brexit, une bonne excuse pour la néobanque N26?

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La banque allemande explique qu'elle ne pourra plus opérer au Royaume-Uni avec sa licence européenne. Tous les comptes seront fermés prochainement. Mais cette annonce intervient alors que la société peinait à s'imposer outre-Manche.

Petit séisme dans le monde bancaire. La néobanque N26 (accessible uniquement en ligne sur mobile ou ordinateur) annonce cesser ses opérations au Royaume-Uni pour cause de Brexit.

"Le Royaume-Uni ayant désormais quitté l'Union européenne, nous ne pourrons plus opérer au Royaume-Uni avec notre licence bancaire européenne. Par conséquent, nous quitterons le Royaume-Uni et fermerons tous les comptes au cours des prochains mois", peut-on lire dans un communiqué. En l'absence de licence bancaire au Royaume-Uni, l'établissement ne peut pas opérer dans le pays.

5 millions de clients en 5 ans

"Notre détermination à transformer le secteur bancaire mondial pour le mieux reste plus forte que jamais", ajoute l'entreprise allemande.

N26 s'attache à expliquer que cette décision ne remet pas en cause sa trajectoire de développement, mettant en avant 250.000 nouveaux comptes aux Etats-Unis "ces derniers mois".

"Pour l'avenir, nous voyons des conditions idéales pour l'innovation et la disruption de l'industrie sur des marchés harmonisés à travers l'Europe, ainsi qu'un énorme potentiel dans de grands marchés uniques comme les États-Unis et d'autres. Nous continuerons naturellement de nous concentrer sur la croissance au sein de l'Union européenne, le renforcement de notre présence aux États-Unis et le développement de nos produits pour les clients du monde entier".

Cette annonce est d'autant plus forte que N26 est devenu un poids lourd bancaire en seulement cinq ans d'existence. Il avait atteint 1 million de clients en juin 2018 et en compte aujourd'hui 5 millions, dont 1 million en France où elle s'est lancée en juin 2018.

Le Brexit, un prétexte?

Reste que cette annonce interpelle car N26 est arrivée au Royaume-Uni alors que le vote en faveur du Brexit avait déjà eu lieu. La néobanque a débarqué en octobre 2018 soit deux ans après le référendum. Elle s'est donc installée en connaissance de cause et avait tout le temps d'anticiper la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE à l'image de son concurrent Revolut.

Cette annonce pourrait être la conséquence de performances mitigées au Royaume-Uni. Si l'entreprise basée à Berlin indiquait l'an passé "gagner un millier de clients par jour" dans le pays, les chiffres compilés par le site Sifted.eu (un média soutenu par le Financial Times) montrent que la bataille était loin d'être gagnée face aux acteurs locaux comme Monzo et Revolut. 

Un constat confirmé par le spécialiste des applis mobiles App Annie qui classe N26 seulement à la 19e place en termes de visiteurs mensuels actifs d'applications fintech entre janvier et octobre 2019 alors que Monzo est 3e et Revolut 5e.

Olivier Chicheportiche