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Le cash, chronique d'une mort annoncée ?

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Les transactions en espèces subissent un tel repli d’années en années que nombreux sont les observateurs à considérer que le cash pourrait bientôt disparaître. A juste titre ?

Incontestablement, les paiements dématérialisés grignotent des parts au liquide. Et pour cause, la monnaie se fait de plus en plus rare et les distributeurs de billets ferment les uns après les autres. Il y a cinq ans, la France recensait 59 000 distributeurs automatiques de billets (DAB). En 2018, il en restait 54 000. Au point que cela commence à constituer un véritable problème, notamment en zone rurale. Une situation catastrophique pour les habitants qui doivent parfois faire des kilomètres pour trouver un distributeur. On comprend mieux dès lors pourquoi les paiements dématérialisés remportent les faveurs de plus en plus de Français.

Cash ou pas cash ?

Ces dernières années, le « sans contact » est venu chambouler le paysage des moyens de paiement. Un certain nombre de technologies et d’applications permettant de régler des transactions de façon instantanée et sans saisie de code pour des achats aux montants limités ont vu le jour. C’est le cas de Lydia Solutions fondée en 2011. En 2013, cette entreprise française lançait une application mobile répondant au nom de Lydia qui donne à ses utilisateurs la possibilité d’effectuer leurs opérations courantes en temps réel. Co-fondée par Cyril Chiche et Antoine Porte, Lydia Solutions vient, par son principe, indéniablement concurrencer le paiement en espèces en magasins physiques. De quoi donner un sérieux coup au cash qui, chaque année, subit un peu plus les « affres » du sans contact. Sauf que de l’avis de Cyril Chiche, CEO de Lydia, tout ceci ne se révèle, en fin de compte, pas si étonnant que cela. « En quinze ans, nous sommes passés d’une société de possession, à une société d’accès. Avec la dématérialisation, nous traversons une véritable révolution et nous faisons bouger les choses à une vitesse impressionnante. Il faut bien comprendre que les espèces représentent 28 siècles d’histoire. Sauf qu’aujourd’hui, nous voulons avoir accès à tout, tout temps, ou que nous nous trouvions. Forcément, cela ne peut pas être le cas avec le cash », pointe-t-il.

De fait, entre 2012 et 2018, l’usage du sans contact en France a été multiplié par 1750. Durant cette période, les transactions réalisées par ce biais sont passées de 1,2 million à 2,1 milliards. Même son de cloche du côté des montants des échanges. En six ans, les sommes sont passées de 12 millions à 22,5 milliards d’euros. Mieux, le nombre de transactions a augmenté de 75% entre 2017 et 2018.

3 milliards de transactions dématérialisées en 2019

Quoiqu’il en soit – et selon les projections du groupement des cartes bancaires CB - plus de 3 milliards de transactions sans contact devraient être réalisées cette année, soit près d’un milliard de plus qu’en 2018.

A l’heure où le sans contact s’immisce même jusque dans les églises, la question de savoir s’il reste au cash quelques chances de survie face au sans contact se pose d’autant plus. « Je ne crois pas à la fin du cash à court ou moyen terme. Selon moi, les années à venir dessineront une société qui se révèlera massivement ‘less cash’, comme c’est le cas par exemple dans les pays nordiques. Le cash demeurera, selon moi, un moyen de paiement marginal. Ce d’autant plus que, pour certains, le paiement mobile ne constitue pas forcément LA solution », précise Cyril Chiche.

Une véritable révolution qu’il convient peut-être de relativiser quelque peu au regard, notamment, des émissions nettes de billets qui continuent de progresser. Alors, les Français seraient-ils encore attachés à leurs liquidités ? Possible. Mais le cofondateur et CEO de Lydia le sait : « L’intérêt d’une technologie comme la nôtre, c’est de rendre la vie des gens plus simple. Notre métier, c’est la praticité. Le dématérialisé a clairement été poussé par l’Internet mobile et l’arrivée d’Uber. Tous les services se sont peu à peu transformés et les besoins en cash sont devenus moins conséquents. Pour ce qui est des personnes âgées, je reste convaincu que ce sont elles qui auraient le plus besoin de bénéficier de l’émergence du sans contact, bien plus que les jeunes ».

Au final, pour Cyril Chiche, le cash n’a clairement pas dit son dernier mot. Du moins, pas pour l’instant. Quant à l’usage de technologies dématérialisées par des personnes âgées, le cofondateur de Lydia y pense bien évidemment. Il suffirait de rendre le sans contact encore plus simple. Car, lorsque l’on y pense, il semble plus simple pour une personne âgée de faire un Lydia, plutôt que de prendre un taxi en zone rurale et de se rendre dans un DAB », conclut-il.

Julie COHEN-HEURTON