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Le cloud rebat les cartes du métier de DSI

Le rôle du DSI consiste à accompagner les divisions métiers en créant un catalogue de solutions dans lequel ils pourront aller piocher en fonction de leurs besoins immédiats.

Le rôle du DSI consiste à accompagner les divisions métiers en créant un catalogue de solutions dans lequel ils pourront aller piocher en fonction de leurs besoins immédiats. - Pixabay

Les directions des systèmes d’information sont amenées à évoluer vers un rôle de conseiller envers les divisions métiers. Ce dialogue s’avère primordial pour un déploiement judicieux du cloud.

Le "shadow IT", ces dépenses dans les technologies engagées par les directions métiers et court-circuitant la DSI, représentent, dans certaines entreprises, jusqu’à 40% du budget informatique, d’après une estimation de la société CEB. Ce chiffre marque le changement de gouvernance que peut notamment provoquer l’adoption du cloud.

Pour éviter de perdre la main sur les services souscrits par les différentes entités de l'entreprise, la DSI doit donc faire valoir son rôle, et se transformer. Pour établir et maintenir un dialogue avec les directions métiers, elle devra faire preuve de pédagogie afin de prévenir certains risques liés à la sécurité et au coût évolutif des solutions, mais son rôle ne doit pas s'arrêter là. "La DSI occupe aussi une fonction de cadrage. Elle va aiguiller les décideurs entre les différents prestataires et les différentes formes de cloud", explique Jean-Paul Alibert, le président de T-Systems France, filiale de la Deutsche Telecom.

Créer un catalogue de services cloud 

L'une des missions de la DSI va donc consister à accompagner les divisions métiers en créant un catalogue de solutions, dans lequel ces dernières pourront aller piocher en fonction de leurs besoins immédiats. La DSI pourra ainsi créer des portails internes qui référencent des offres de cloud qu'elle aura sélectionnées et correspondants aux contraintes de l’entreprise. Cela peut se faire par l’intermédiaire de prestataires tels que ActivEon. Son PDG, Denis Caromel indique : "La mise en place de portails correspond à un besoin très fort de structuration de l’IT entre la DSI et les divisions métiers. Le cloud computing induit donc un besoin d’industrialiser, d’automatiser et de planifier toutes les mises en production, afin de coordonner correctement les opérateurs techniques et les autres services au sein de l’entreprise".

La fin du fonctionnement en silos

L’externalisation de l’hébergement des données et applications informatiques nécessite donc un véritable dialogue entre la DSI et les divisions métiers. Pour le favoriser, la DSI joue parfois le rôle de cloud broker. Elle se charge alors de définir des "bonnes pratiques" et d’aller sélectionner les meilleures solutions auprès de prestataires rigoureusement sélectionnés. Elle mettra ensuite à disposition, via les portails précédemment évoqués, quelques offres en cloud privé (interne et externe) ainsi que des solutions en cloud public, pour chaque besoin métier. Les directions métiers pourront ensuite aller y piocher en fonction de leurs besoins, en bénéficiant de la rapidité de mise en place et de l’agilité propre au cloud computing.

"La DSI doit donc être capable de fournir tous les types de services. Pour cela, il faut qu’elle fasse l’effort de référencer plusieurs offres cloud; dont de l'hybride", souligne Jean-Paul Alibert. Un tel fonctionnement favorise une action transversale dans laquelle les réflexions sont mutualisées, à la différence d’une gouvernance où les directions métiers travaillaient en silos.

Savoir anticiper une dérive des coûts

La DSI assurera également un rôle de conseil lors de la négociation d’un contrat de cloud grâce à son savoir-faire technique. Elle conseillera aussi les métiers sur les applications à sortir du cloud public pour les transférer vers du cloud privé interne lorsque les coûts deviennent exorbitants. Pour une adhésion des métiers, elle devra aussi savoir anticiper sur les innovations, proposer des dispositifs nouveaux de manière proactive. Ses membres doivent donc avoir la capacité d’effectuer des analyses fonctionnelles. D’ailleurs, d’après une étude de Vanson Bourne datée de 2012, 56% des DSI estiment que pour rester efficaces, ils doivent développer des compétences en régulation et en gouvernance.

Adeline Raynal