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Le confinement a aussi été une catastrophe pour l'industrie musicale française

Sur BFM Business, Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem, explique pourquoi les deux mois de confinement ont été particulièrement néfastes pour l'industrie musicale française.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, le confinement n'a profité ni aux auteurs, ni aux compositeurs et encore moins aux éditeurs de musique. Invité dans l'émission "12 Heure – L'Heure H" ce lundi sur BFM Business, le directeur général de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) est revenu sur les difficultés de la filière. 

Certes, selon un sondage réalisé par la Hadopi et publié le 6 mai, "60 % des consommateurs de biens culturels dématérialisés (musique, films, séries, jeux vidéo, livres et presse en ligne) disent avoir intensifié leur consommation depuis la mise en place des mesures de confinement (62% après deux et quatre semaines de confinement)". Mais cette augmentation de la consommation, notamment de musique en streaming, est très loin de compenser les pertes de revenus sur d'autres segments.

"Il y a une catastrophe culturelle qui est en train de se préparer", assure Jean-Noël Tronc. "La musique, elle est au cœur des pratiques culturelles des Français. (…) C'est la première des pratiques culturelles des Français. Et donc on a cette fausse idée que, parce que l'on était tous confinés et tous à écouter de la musique, ça allait aller mieux pour les gens qui la fabriquent. Mais en fait c'est le contraire", précise-t-il.

Jusqu'à 60% de pertes de revenus

Pour appuyer son propos, le patron de la Sacem met en avant le fait qu'"à peu près un tiers" des revenus des auteurs et des compositeurs "viennent des gens qui diffusent la musique dans leurs magasins ou dans leurs festivals".

"Tout a été fermé. Tout est annulé. Les festivals ne reprennent pas avant un an. Donc c'est à peu près 60% de pertes de revenus pour les droits des auteurs, les compositeurs de musique et leurs partenaires que sont les éditeurs rien que pour la partie musique diffusée dans les festivals. Chez les commerçants, c'est à peu près -50%. Tout cela ne va pas se rattraper", assure Jean-Noël Tronc. Ce dernier explique, en outre, que la rémunération des auteurs dont les musiques sont diffusées sur les radios ou les chaînes de télévision a également diminué. Les médias étant, eux-mêmes, fortement touchés par la chute des recettes publicitaires.

Priorité au Made in France

"C'est pour cela que l'on a lancé le mouvement #ScèneFrançaise, pour encourager les médias à diffuser plus de productions françaises. Un peu plus de Made in France", détaille Jean-Noël Tronc.

"Un média, il paie un pourcentage de son chiffre d'affaires. Il ne paie pas en fonction du nombre de titres qui passent. Donc s'il passe 100% de titres anglo-saxons, nous on va collecter des droits et puis on va les envoyer vers les grandes sociétés américaines ou anglaises. Si un média passe un peu plus de productions françaises - indépendamment de la langue – (…) ça va faire plus de rémunération, un petit peu moins de pertes", poursuit le patron de la Sacem.

Selon lui, la culture devrait être la dernière filière à réussir à se sortir de la crise. D'une part, parce que les tournages et les spectacles ne devraient pas reprendre avant des mois. D'autre part, parce que "pour les auteurs, c'est la double lame". Et d'expliquer: "Comme les droits d'auteurs sont toujours payés avec un peu de décalage par rapport à la diffusion, c'est en 2021, à partir de janvier que les droits d'auteurs" risquent de "s'effondrer".

Julie Cohen-Heurton