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Le coup de force de Facebook avec Messenger, une stratégie payante

Mark Zuckerberg, le  patron de Facebook, veut faire de sa messagerie Messenger la tête chercheuse business du réseau social.

Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, veut faire de sa messagerie Messenger la tête chercheuse business du réseau social. - Justin Sullivan - Getty Images - AFP

Alors que les utilisateurs s'étaient plaints lorsque Facebook avait créé sa messagerie indépendante Messenger en 2014, le site de Mark Zuckerberg vient d'annoncer avoir franchi le milliard d'utilisateurs dans le monde et compte y associer nombre de services lucratifs.

L'important, c'est l'utilisateur. Voilà le discours de la quasi-totalité des sites et services sur internet. Leur stratégie: offrir le meilleur service possible afin d'attirer le maximum d'utilisateurs et penser dans un second temps à la monétisation. C'est notamment ce qu'ont fait Google, Twitter, Instagram, Snapchat ou encore Facebook. Du moins, pour ce dernier, à ses débuts. Car avec Messenger, le site de Mark Zuckerberg a fait l'exact inverse.

Pour rappel, Messenger est une application de messagerie lancée en 2011 par Facebook, sorte de concurrent de WhatsApp (un service d'ailleurs racheté par Facebook il y a deux ans). Un service qui mettra trois ans à décoller. En 2014, en effet, Facebook décide de rendre sa messagerie obligatoire aux utilisateurs du réseau social sur smartphone. Ces derniers, s'ils veulent continuer à s'envoyer des messages privés (ce qu'ils faisaient auparavant grâce à l'appli Facebook) ont dû obligatoirement télécharger cette nouvelle application.

Des utilisateurs mécontents

Officiellement, Facebook a fait cela pour améliorer l'expérience des utilisateurs. "Nous avons constaté que cette fonction secondaire au sein de l'application Facebook rendait les gens réticents à répondre aux messages, expliquait en 2014 Mark Zuckerberg dans une conférence téléphonique. Nous avons voulu créer une expérience complètement dédiée à ça". Sauf que les utilisateurs ne l'ont pas entendu de cette oreille. Sur les réseaux sociaux, ils critiquaient vertement à l'époque la stratégie de Facebook qui les obligeait à télécharger une nouvelle application. Deux ans plus tard, Messenger ne fait toujours pas l'unanimité si l'on en juge par la teneur des commentaires sur l'appStore d'Apple.

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"1 étoile tant que la fonction message ne sera pas réintégrée à l'application de base", peste ce dernier utilisateur. Mais ce n'est pas près d'arriver. Facebook vient en effet d'annoncer avoir franchi la barre du milliard d'utilisateurs dans le monde. Après le réseau social et WhatsApp, il s'agit donc du troisième service du groupe de Mark Zuckerberg à franchir cette barre symbolique. Plutôt qu'un réel engouement, ce cap traduit davantage le fait que les utilisateurs de Messenger sont captifs. 

Le gros business de Messenger

Mais peu importe pour Facebook, qui voit surtout Messenger comme une énorme machine à cash potentielle. Dans la foulée du lancement de la version obligatoire de l'application en 2014, le site débauchait David Marcus, un grand ponte de Paypal, pour développer de nouveaux services sur Messenger, principalement financiers. En 2015, Facebook a ouvert sa plateforme afin que des tiers développent de nouvelles fonctionnalités. Les utilisateurs pourront bientôt envoyer de l'argent à des proches, payer pour avoir de nouvelles émoticônes ou chatter avec des bots qui auront souvent quelque chose à vendre comme le montre ce test

Bref, Messenger est l'arme de diversification business de Facebook. Le site qui est aujourd'hui principalement financé par la pub cherche d'autres sources de revenus. Et c'est aujourd'hui l'appli de messagerie qui fait office de tête chercheuse. D'ailleurs, Facebook en fait un service complètement indépendant du réseau social. Messenger est désormais accessible directement depuis les navigateurs internet et peut même être utilisé par ceux qui ne disposent pas d'un compte Facebook. Résultat, l'application est désormais plus populaire que le réseau social en terme de téléchargement. La preuve que pour réussir dans le business, il ne faut pas toujours être à l'écoute de l'utilisateur.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco