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Le distributeur Sears en faillite

Le distributeur Sears, inventeur de la vente par correspondance, est en faillite.

Le distributeur Sears, inventeur de la vente par correspondance, est en faillite. - Crédit photo: SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

L'inventeur de la vente par correspondance, icône de l'économie américaine, s'est déclaré en faillite. Sears avait imaginé de vendre "tout à tout le monde", mais le groupe doit aujourd'hui s'incliner, victime de la concurrence du commerce en ligne et de ses propres erreurs...

C'est une icône de la distribution américaine qui s'incline. Des vêtements en passant par les équipements ménagers, ou les maisons préfabriquées et même des produits dérivés de la cocaïne et de l'opium... le catalogue de Sears atteignait le millier de pages.

Fondée en en 1893, sous le nom de Roebuck & Company, Sears se construit sur un catalogue qui vendait au départ des montres aux agents ferroviaires, avant d'écouler aux Américains les derniers articles à la mode. Peu à peu, l'enseigne s'impose comme la première chaîne de magasins de l'après-guerre. En 1924, elle entre dans le très sélectif Dow Jones, l'indice vedette de Wall Street et continue de croître. Dans les années 60-70, en pleine gloire, le groupe décide même de partager les bénéfices avec ses employés et propose des actions aussi bien aux caissières qu'aux dirigeants.

La concurrence du commerce en ligne

Mais la chaîne n'a jamais su s'adapter à la concurrence du commerce en ligne, notamment d'Amazon, et au changement des habitudes de consommation. Dans les années 80, Sears cède les rênes de l'innovation à Walmart et à Home Dépôt. Son déclin coïncide avec la chute de la fréquentation des centres commerciaux. Elle n'a pas su séduire les 17-35 ans qui effectuent la plupart du temps leurs achats sur leur smartphone.

Des erreurs de management

Depuis 2004, Sears est dirigée par le financier et ancien banquier de Goldman Sachs, Eddie Lampert, qui a aussi racheté, l'enseigne Kmart, un an plus tôt. Entouré au conseil d'administration de financiers dont Steven Mnuchin, l'actuel secrétaire au Trésor, il met en place une stratégie destinée à scinder l'entreprise en plusieurs entités.

Cette stratégie consiste à vendre des marques emblématiques et rentables, comme Lands' End, à des sociétés dans lesquelles son propre fonds d'investissement, ESL, détient des participations. En 2015, il vend par exemple 250 magasins rentables à la société Seritage, dont son fonds est actionnaire. L'objectif, selon lui, est de récupérer le produit de ces cessions pour investir dans le commerce en ligne.

Des pertes abyssales

Sears a perdu environ 11 milliards de dollars depuis 2011. Les rayons sont à moitié vides malgré des promotions géantes. L'action, qui avait atteint 120 dollars en 2007 a touché le fond à moins de... 50 cents.

Alors qu'il y a dix ans, l'entreprise employait un peu plus de 300 000 personnes, il n'y a plus que 68.000 salariés chez Sears et Kmart et il ne reste plus que 700 magasins physiques. En se plaçant sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, la chaîne espère réduire son énorme dette, mais elle pourrait ne pas être en mesure de rembourser une échéance imminente de 134 millions de dollars et pourrait être contrainte de fermer 142 magasins en plus. Elle espère déjà obtenir un crédit de 300 millions de dollars des banques pour payer les salaires de ses employés.

Alexandra Paget