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Le fabricant des Barbie licencie et supprime les dividendes

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- - David McNew - AFP

En difficulté, l'Américain Mattel s'apprête à supprimer des emplois et les dividendes de ses actionnaires au quatrième trimestre. Toutes ses marques, dont Fischer-Price et Barbie, connaissent un passage à vide.

Le fabricant de jouets américain Mattel a annoncé jeudi une nouvelle cure d'austérité, prévoyant des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines afin d'économiser en tout 650 millions de dollars lors des deux prochaines années. Le propriétaire de la célèbre poupée Barbie a également décidé de suspendre le versement du dividende au quatrième trimestre, une mesure qui pourrait lui permettre d'économiser 50 millions de dollars supplémentaires.

La restructuration annoncée va entrainer "une réduction des effectifs globaux", a déclaré le directeur financier Richard Dickson, lors d'une conférence téléphonique. "Nous allons faire attention à ne pas toucher aux personnels côtoyant les clients" au quotidien, a-t-il ajouté sans donner davantage de détails ni sur le nombre d'emplois qui vont être supprimés, ni sur les zones géographiques concernées, ni sur les métiers affectés.

Départ des managers "superflus"

Mattel prévoit de simplifier son processus de prise de décision, en éliminant des postes de managers intermédiaires jugés "superflus" et va également fermer des usines, réorganiser sa chaîne logistique et se débarrasser de 40% de ses marques pour ne se concentrer que sur des produits phares tels Barbie et les jeux pour bébés et d'éveil Fischer-Price.

La société, qui avait déjà un programme d'économies de 200 millions de dollars en cours, suspend également le recours aux consultants externes et aux CDD. "Le but est d'avoir une structure de coûts adaptée pour améliorer nos marges", a tenu à souligner Margaret Georgiadis, arrivée à la tête du groupe en février.

Cette cure d'austérité intervient au moment où le groupe a essuyé une perte nette de 603,3 millions de dollars au troisième trimestre achevé fin septembre. Il avait enregistré un bénéfice net de 236,3 millions de dollars à la même époque en 2016.

Toys "R" Us réalisait 11% des ventes de Mattel

"Notre performance du troisième trimestre est clairement décevante", a reconnu la dirigeante, expliquant que les résultats ont été plombés par une charge fiscale de 561,9 millions de dollars, la faillite du distributeur de jouets Toys "R" Us et une mauvaise gestion des stocks.

La plupart des marques ont connu un passage à vide: les ventes de Barbie ont baissé de 6%, celles de Fischer-Price de 15%. Les recettes des produits American Girl ont plongé de 30% et celles des jeux de construction (Mega Bloks) ont dévissé de 29%.

Quant au distributeur Toys "R" Us, qui a déposé récemment son bilan, il vendait les jouets Mattel dans ses magasins à travers le monde et avait ainsi contribué pour 11% aux ventes totales en 2016. Au moment de sa banqueroute, il a annoncé devoir 135,64 millions de dollars au fabricant de jouets.

Alliance avec Alibaba en Asie

Le chiffre d'affaires trimestriel a plongé de 13% à 1,56 milliard de dollars, bien en deçà du 1,82 milliard escompté en moyenne par les analystes financiers. Mattel a toutefois promis jeudi que ses ventes allaient se "stabiliser" au quatrième trimestre, "ce qui va se traduire par une baisse d'environ 5% des ventes annuelles comparé à 2016", a assuré Richard Dickson, le directeur financier.

À Wall Street, le titre s'est effondré de près de 20% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance. Il a perdu plus de 44% de sa valeur depuis janvier. Margaret Georgiadis, qui a travaillé chez Google, a promis jeudi que Mattel allait renforcer son offensive dans le numérique, en mettant l'accent sur les jouets connectés et en se renforçant dans les jeux vidéo pour redynamiser les ventes.

L'une de ses premières initiatives a été de faire évoluer le look de Ken, le célèbre fiancé de Barbie au brushing impeccable, qui apparaît désormais en trois morphologies: "mince" (slim), "costaud" (broad) et "classique" (original). Le plan de relance présenté en juin par la nouvelle patronne donne aussi la priorité aux marchés émergents, notamment la Chine où le groupe californien vient de s'associer au géant du commerce en ligne Alibaba et au site dédié aux parents Baby Tree.

N.G. avec AFP