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Le fonds Amber demande la révocation de tout le conseil de surveillance de Lagardère

Le premier actionnaire du groupe cherche à mettre sous tutelle son patron Arnaud Lagardère. L’assemblée générale du 5 mai prochain s’annonce explosive après quatre années de bras de fer entre Amber Capital et Arnaud Lagardère. La position du Qatar, deuxième actionnaire, sera décisive.

C’est la guerre totale entre Arnaud Lagardère et le premier actionnaire de son groupe, Amber Capital. Le fonds activiste a dévoilé jeudi les résolutions qu’il compte présenter pour la prochaine assemblée générale des actionnaires du 5 mai prochain. Il propose sans détour la révocation de tout le conseil de surveillance de Lagardère, soit sept membres.

Et propose la nomination de huit membres indépendants dont l’ancien patron d’Eurazeo Patrick Sayer, l’ancien premier ministre italien Enrico Letta ou encore Brigitte Taittinger-Jouyet qui a été dirigeante du groupe Taittinger et des parfums Annick Goutal. Amber propose que Patrick Sayer devienne le président de Lagardère en lieu et place de Patrick Valroff, en poste depuis quatre mois.

Contre-pouvoir

Pour Amber, prendre le contrôle du conseil de surveillance est le seul moyen d’établir un « contre-pouvoir » à Arnaud Lagardère dont le statut de gérant commandité le rend indéboulonnable. Le fonds activiste invoque la nécessité « d’amorcer un réel tournant dans l’organisation, la structuration et la stratégie » du groupe. Amber souligne que le cours de Bourse de Lagardère est inférieur à 41% de l’indice SBF 120 dont il fait partie, avant la chute des marchés liés à la crise du Coronavirus.

En réalité, cela fait quatre ans qu’Amber mène la vie dure à Arnaud Lagardère. Il l’a d’abord poussé à vendre petit à petit l’ensemble de ses activités de médias. Le groupe ne conserve aujourd’hui plus qu’Europe 1, le Journal du Dimanche et Paris Match, Lagardère Studios étant en cours de cession. Amber a aussi milité pour la vente de la branche Sports, le « bébé » d’Arnaud Lagardère, après avoir perdu plus d’un milliard d’euros depuis sa création en 2006.

Mais Amber Capital tente depuis deux ans de s’immiscer dans la gouvernance du groupe pour démanteler le groupe. Il avait échoué il y a deux ans à faire nommer deux administrateurs. Cette fois, la donne a changé. Il est premier actionnaire avec 15% de son capital, devant le Qatar (13%), soutien de longue date d’Arnaud Lagardère.

Le Qatar s'impatiente

Sauf que le Qatar s’impatiente aussi de rentabiliser son investissement depuis près de quinze ans. Il y a deux ans, il avait soutenu l’entrée du fonds Amber au conseil de surveillance de Lagardère avant de changer, au dernier moment, son vote. La position du Qatar sera décisive pour faire pencher la balance en faveur d’Amber ou d’Arnaud Lagardère.

Le fonds activiste a du coup pris soin de ne pas s’opposer aux nominations de Nicolas Sarkozy et Guillaume Pepy -ancien président de la SNCF- pourtant appelés à la rescousse par Arnaud Lagardère. Au contraire, il entend soutenir leurs nominations, sans doute pour ne pas entrer en opposition frontale avec Nicolas Sarkozy, très influent auprès de l’autre grand actionnaire : le Qatar. Une manière aussi de tenter d’établir une coalition avec le Qatar.