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Transports

Le gouvernement va lancer la privatisation d’Aéroports de Paris

Roissy-CDG se classait il y a un an à la 32ème place dans le classement des 100 meilleurs aéroports du monde. Cette année, il n'est plus que 37ème.

Roissy-CDG se classait il y a un an à la 32ème place dans le classement des 100 meilleurs aéroports du monde. Cette année, il n'est plus que 37ème. - AFP

VIDÉO - Les derniers arbitrages auront lieu samedi et seront présentés dans la loi "Pacte" de Bruno Le Maire mi-avril. L’Etat souhaite vendre l'intégralité de sa participation, soit 50,6% du capital. Les candidats se bousculent.

Le gouvernement s’apprête à lancer sa première privatisation: celle des Aéroports de Paris (ADP). Samedi aura lieu à Matignon une réunion pour finaliser la loi "Pacte" (plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) présentée par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Accompagné de la ministre des Transports Elisabeth Borne, le Premier ministre Edouard Philippe rendra son arbitrage final sur la privatisation d’ADP.

La loi comprendra un volet permettant à l’Etat de descendre sous le seuil de 50% du capital, ce que les textes actuels lui interdisent aujourd’hui. Aucun autre seuil de détention ne sera fixé, ce qui permettra à l’Etat de se désengager totalement. Elle sera envoyée au conseil d’Etat le vendredi 16 mars et présentée en conseil des ministres le 18 avril prochain. Son vote à l’assemblée nationale devrait intervenir à l’automne pour démarrer la privatisation fin 2018.

Les échanges entre les deux ministères de tutelles des aéroports de Roissy et d’Orly se sont multipliés ces dernières semaines. Après plusieurs mois de tergiversation et d’études de divers scénarios, la position du gouvernement s’est clarifiée. "Ils sont en train d’atterrir sur un schéma clair et simple" expliquent plusieurs sources.

Exploitation entre 70 et 90 années

Deux éléments clés ont été décidés. D’abord, l’Etat va, selon plusieurs sources proches du dossier, vendre la totalité de sa participation de 50,6% dans le gestionnaire de Roissy et Orly. C’est le message qu’il a fait passer aux différents acteurs. "Il dispose d’une régulation forte et de garde-fou suffisant pour conserver ses droits sur les dessertes, le foncier et la sécurité" explique une source. "Dans ces conditions, l’État n’a pas de raison de conserver une participation" ajoute une autre. Il va notamment négocier un nouveau contrat de régulation quinquennal à partir de fin 2018, au moment où la privatisation débutera.

Ce raisonnement est partagé par l’Elysée. Lorsqu’il était ministre de l’Economie, Emmanuel Macron optait déjà pour cette vision que l’Etat n’a pas besoin d’être propriétaire de ses infrastructures pour exercer un contrôle étroit dessus. Il avait d’ailleurs même tenté de privatiser l’entreprise, avant que le Premier ministre, Manuel Valls, s’y oppose.

L’autre point bloquant concernait la durée d’exploitation des aéroports et de leurs terrains. Actuellement, l’Etat dispose d’une licence sans durée. Mais, assure une source, "il est hors de question de céder à un acteur privé l’exploitation pour l’éternité!". En jeu notamment, l’utilisation des 6600 hectares de Roissy et Orly mais surtout les 412 hectares de réserves foncières.

L’État souhaite les conserver pour de futurs aérogares et éviter que le repreneur ne les utilise pour de la spéculation immobilière. Il imposera au repreneur d’ADP une licence d’exploitation comprise entre 70 et 90 années. Une durée assez longue pour ne pas dévaloriser l’entreprise et handicaper sa privatisation. Et l'État disposera de droits de veto sur le foncier de l’entreprise.

Une dizaine de candidats

Une fois ces obstacles techniques levés, l’État pourra mettre aux enchères sa participation de 50,6%, valorisée, aujourd’hui, à 8,2 milliards d’euros. Il a déjà reçu une multitude de marques d’intérêts d’investisseurs français et internationaux, notamment lors du forum économique de Davos en janvier dernier. Le français Vinci fait figure de favori, d’autant qu’il détient déjà 8% d’ADP. L’Italien Atlantia, déjà propriétaire de l’aéroport de Nice, ou l’Espagnol Ferrovial pourraient aussi être de la partie.

Parmi les investisseurs financiers sont cités les français Ardian ou Predica (Crédit Agricole), la Caisse des Dépôts du Québec, Macquarie, GIP (aéroport de Londres) ou encore IFM. Pour racheter une entreprise aussi chère -16 milliards-, ces candidats devront se regrouper en consortium. Dans son appel d’offres, l’État pourrait imposer que le repreneur ait déjà une expérience dans la gestion d’aéroports internationaux.

L’Etat va aussi vendre des parts dans FDJ et Engie

La loi de Bruno Le Maire entérinera aussi la privatisation de la Française des Jeux (FDJ) dont il détient 72% aux côté des associations d’anciens combattants comme les Gueules Cassées (20%). L’Etat conservera une participation comprise entre 25% et 35% afin de conserver un "contrôle étroit" sur l’entreprise comme le lui impose le droit européen. Il passera par une introduction de Bourse (lien3) de ses parts mais ne prévoit pas d’inviter des industriels des jeux à participer à l’opération. La loi "Pacte" proposera aussi de supprimer le seuil de détention de 33,3% des droits de votes d’Engie dont l’Etat détient 24% du capital. En revanche, il ne devrait pas toucher à celui d’EDF qui restera à 70%.

Matthieu Pechberty