BFM Business
Services

Le jet privé n'est plus un plaisir réservé aux milliardaires

Des abonnements mensuels ou des avions-taxis à des tarifs proches des grandes compagnies aériennes

Des abonnements mensuels ou des avions-taxis à des tarifs proches des grandes compagnies aériennes - Gulfstream Aerospace

Propriété partagée, location... Les formules rendant plus accessibles les voyages en jets d'affaires. Histoire d'une "ubérisation" dont personne ne va se plaindre.

Le numérique et l'arrivée d'appareils plus petits et moins ostentatoires ouvrent de nouveaux horizons à l'aviation d'affaires en multipliant les alternatives à la coûteuse propriété d'un jet. Depuis les années 90, des modèles de propriété partagée ou fractionnée proposent d'accéder au confort de l'aviation d'affaires à moindre coût. L'Américain Netjets a été l'un des pionniers de ce système.

D'autres acteurs se sont depuis installés sur ce segment permettant à des chefs d'entreprises de profiter de la souplesse et du confort d'un avion privé sans avoir à mettre quelques dizaines de millions sur la table. Certains proposent un abonnement mensuel offrant pour 2.500 euros par mois des vols à volonté sur des destinations déterminées. D'autres font du taxi-jet. Les prix tournent alors autour de 2.400 euros de l'heure pour quatre passagers.

Et de nombreux courtiers proposent des solutions à la carte pour satisfaire aux exigences d'une clientèle prête à mettre le prix pour trouver au pied levé une solution de transport sur mesure.

"C'est un peu l'Uber du ciel"

Pour compléter le paysage, des plateformes de réservation de plus en plus performantes permettent, en ligne ou via une application, à chaque client de trouver en quelques clics le vol qui lui convient, aussi facilement qu'une place dans un train. "C'est un peu l'Uber du ciel",souligne Brandon Mitchener, le directeur de l'EBAA (European Business Aviation Association).

Selon Erika Neudert, une des responsables de la plateforme de réservation Strataget, 32% des clients de la jeune société basée à Londres et qui a démarré ses activités il y a un an en Europe et en novembre aux États-Unis "volent pour la première fois en avion d'affaires".

Et la clientèle est, selon elle, extrêmement variée, comme cette septuagénaire qui a découvert les avantages de l'avion privé pour se rendre régulièrement en Écosse avec ses chats. "C'est un plus, cela permet d'apporter aux opérateurs une activité qu'ils n'avaient pas auparavant. Tout cela devrait faire grossir le marché", souligne Brandon Mitchener.

Autre nouveauté dans le ciel des hommes d'affaires, le feu vert donné en mars par l'EASA (l'Agence européenne de sécurité aérienne) à l'exploitation des avions monomoteurs à turbine pour opérer des vols commerciaux.

La fin d'un signe extérieur de richesse

Ces petits avions de quatre à cinq places sont déjà exploités par Vol direct. Cette société rennaise fait depuis 2014 du transport à la demande, dans le cadre d'une dérogation, vers tous les aérodromes pour 1.850 à 2.400 euros de l'heure à bord de monomoteurs turbopropulseurs TBM 750 de Daher (5 passagers) ou Pilatus PL 12 (jusqu'à 8 passagers).

Avec ce type d'avion "on n'est pas dans l'hyper luxe, on est dans le pratique, le couteau suisse. C'est une démocratisation de l'avion d'affaires dans le bon sens du terme", loin de l'image de l'avion privé comme label d'une position sociale, explique Nicolas Chabbert qui dirige la division avions d'affaires de Daher.

Ces petits appareils peuvent se poser n'importe où, y compris sur l'herbe, ce qui leur ouvre un champ de 1.500 plateformes contre 126 en France pour les jets. "C'est ce qui a fait la richesse des États-Unis" avec de petits entrepreneurs qui ont pu développer grâce à cet avion des zones extrêmement reculées, ajoute Nicolas Chabbert.

Le potentiel de ces petites machines "est énorme", s'enthousiasme Jan Schatteman, pilote de PL 12. "C'est un avion de niche, hyper flexible et discret" très apprécié par une clientèle qui fuit le "tape à l'oeil". "C'est une nouvelle dimension qui s'ouvre pour ce volet de l'aviation", se réjouit-il.

P.S. avec AFP