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Le "kérosène du futur" passera du champ à l'avion

Agrisoma a choisi d'utiliser des graines de moutarde comme matière première. (image d'illustration)

Agrisoma a choisi d'utiliser des graines de moutarde comme matière première. (image d'illustration) - Mahieddine Boumendjel - Flickr - CC

Après le secteur automobile, c'est au tour de l'aéronautique de se convertir aux biocarburants. A l'initiative d'Agrisoma, un vol test a été réalisé avec un appareil fonctionnant à l'huile de graines de moutarde.

Le kérosène, bientôt de l’histoire ancienne ? C’est en tout cas le pari que tente de remporter la société canadienne Agrisoma, en développant un inédit biocarburant. Son PDG, Steve Fabijanski détaille : "ce carburant est unique car il se comporte exactement comme le pétrole. Ni le système de manipulation du carburant, ni le moteur n’ont besoin d’être modifiés. Et la combustion est plus propre est plus efficace".

Si un tel produit est développé aujourd’hui, c’est pour répondre à un but précis : réduire considérablement les émissions de gaz carbonique liées au transport aérien. Soucieuse des questions environnementales, l’association internationale du transport aérien (IATA) a fixé comme objectif aux compagnies aériennes de diviser par deux leurs émissions de CO2 d’ici à 2050.

8.000 litres de carburant avec 27 kilos de graines

Revers de la médaille, pour parvenir à développer ces nouveaux carburants, une culture intensive des plantes oléagineuses est nécessaire. Et face à ces nouvelles productions, des voix s'élèvent pour dénoncer l'utilisation des terres agricoles habituellement destinées à la production alimentaire.

Ainsi, pour se démarquer des méthodes de production du bioéthanol (issu de la betterave, du maïs, du blé ou de la canne à sucre), un combustible particulièrement visé par ces griefs, Agrisoma a choisi d'utiliser des graines de moutarde comme matière première. L’huile produite par la carinata (la variété de graine utilisée) étant non-comestible, sa culture est donc considérée comme non-alimentaire.

"Lorsque nous avons présenté cette graine aux agriculteurs, nous leur avons expliqué qu’un sac de 27 kilos de ces semences, planté et récolté, produisait jusqu’à 8.000 litres de carburant. Soit de quoi alimenter cinq vols commerciaux entre Paris et Londres, en plus d’être un sous-produit alimentaire très nutritif pour les animaux" précise Steve Fabijanski. 

Antonin Moriscot