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Le Luxembourg mise sur les mines de l'espace pour rester le pays le plus riche du monde

La société américaine, associée au Luxembourg, a déjà conçu des vaisseaux comme ce DragonFly pour l'exploitation minière des astéroïdes.

La société américaine, associée au Luxembourg, a déjà conçu des vaisseaux comme ce DragonFly pour l'exploitation minière des astéroïdes. - Deep Space Industries

"Après les Etats-Unis, un autre Etat va se lancer dans l'exploitation minière spatiale: le Luxembourg. Un projet coûteux mais qui pourrait rapporter des milliers de milliards d'euros selon le gouvernement du Grand-Duché."

Après la Russie durant la guerre froide, les Etats-Unis font face à un concurrent dont ils soupçonnaient à peine l'existence dans la course à l'espace: le Luxembourg. Alors qu'Obama a autorisé, avant de céder son fauteuil à Trump, l'exploitation minière des astéroïdes, le ministre de l'économie du Grand-Duché, Etienne Schneider, vient de dévoiler ses ambitions en la matière.

Le Luxembourg souhaite attirer sur son territoire des investisseurs prêts à se lancer dans la conquête des ressources naturelles de l'espace, en créant un "cadre réglementaire et juridique". Premier pays européen à s'engager dans cette exploration, le Grand Duché a convaincu l'Agence spatiale européenne de s'associer à son projet.

Pourquoi ce petit Etat, à peine plus peuplé que le département de la Somme, veut-il se lancer ainsi à l'assaut de l'espace? D'abord parce que c'est un relais de croissance pour ce pays qui a fait sa fortune en s'imposant comme le paradis fiscal par excellence au sein de l'Union européenne. Mais comme le Grand-Duché a renoncé au secret bancaire en 2014, il pourrait à terme perdre son titre de pays le plus riche du monde, avec en 2016 un PIB par habitant de 102.831 dollars, soir presque trois fois plus que la France. Ensuite, le Luxembourg a une certaine légitimité en matière spatiale avec l'un de ses rares fleurons industriels: la société SES, deuxième opérateur mondial des satellites de télécommunication.

Un conseiller spécial, star de la conquête spatiale

Pour gagner cette nouvelle bataille, le gouvernement luxembourgeois s'appuie sur un conseiller qui en connait un rayon sur l'espace. Jean-Jacques Dordain. Ce Français né dans le Nord a dirigé durant douze ans l'Agence spatiale européenne et avait à ce titre mis en place des partenariats public/privé pour mettre sur pied ce type de projet. Et il s'est aussi construit une très grande légitimité internationale grâce au succès de la sonde Rosetta et du robot Philae, premier engin spatial à se poser sur une comète.

Le pari est audacieux mais le potentiel sur le plan financier a de quoi faire rêver. Le Luxembourg estime la manne à plusieurs milliers de milliards de dollars (pour info le PIB français est de 2.200 milliards d'euros). Il faut savoir par exemple qu'un petit astéroïdes d'à peine un kilomètre de diamètre peut receler d'avantage de minerai de fer que la production annuelle terrestre. Sans compter les métaux rares, comme le platine qui seraient présents en grande quantité à la surface des astéroïdes. Bref, même s'il faut investir des dizaines de milliards de dollars pour devenir un acteur de l'industrie minière spatiale, le jeu en vaut la chandelle.

Cette conquête, le Luxembourg ne la mènera évidemment pas seul. Outre l'Agence spatiale européenne, il embarque avec lui deux entreprises américaines très avancées sur le sujet: Deep Space Industries et Planetary Resources respectivement créées en 2003 et 2012. Les deux compagnies ont déjà créé des vaisseaux spécialement conçus pour l'exploration et l'exploitation des gisements spatiaux. Le Luxembourg va mettre son expertise financière au service des industriels qui s'engageront dans cette conquête spatiale. Le gouvernement prévoit de leur apporter des aides financières. Il est même prêt à prendre des participations dans leur capital. De quoi motiver les entrepreneurs du vieux continent. L'Europe va-t-elle connaître sa première ruée vers l'or?

Frédéric Bianchi