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Energie

La consommation d'énergie va encore augmenter

La consommation électrique dans le monde en 2012.

La consommation électrique dans le monde en 2012. - Nasa

L'Agence internationale de l'énergie estime que le monde va consommer plus d'énergie en 2040. Néanmoins, la hausse de la demande va se tasser.

Le monde consommera beaucoup plus d'énergie en 2040. Voilà le pronostic réalisé par l'Agence internationales de l'énergie, mercredi 12 novembre. "La demande mondiale d'énergie augmentera de 37% d'ici à 2040 dans notre scénario central, mais la croissance démographique et économique sera moins consommatrice d'énergie qu'auparavant", souligne l'AIE dans sa grande étude prospective annuelle.

Ainsi, "la croissance de la demande mondiale marque nettement le pas, passant de plus de +2% par an au cours des deux dernières décennies, à +1% annuel après 2025", précise-t-elle. Elle attribue cette tendance à la hausse des prix et aux mesures d'efficacité énergétique, mais aussi au "changement structurel de l'économie mondiale au profit des services et d'une industrie plus légère".

La géographie de la demande sera également bouleversée, avec l'essor économique des pays émergents. La consommation stagnera dans la plupart des pays européens, au Japon, en Corée du Sud et en Amérique du Nord, tandis qu'elle s'inscrira en hausse dans le reste de l'Asie - qui représentera 60% de la demande mondiale -, en Afrique sub-saharienne, au Moyen-Orient et en Amérique latine.

La Chine va devenir le 1er consommateur mondial de pétrole

La tendance est semblable pour le pétrole. "A chaque baril de pétrole qui n'est plus consommé dans l'OCDE, correspondent deux nouveaux barils qui sont utilisés dans les pays non membres" de l'Organisation de coopération et de développement économiques, estime l'agence énergétique des pays développés.

"Les pays asiatiques importeront d'ici à 2040 deux tiers des barils échangés à l'échelle internationale", précise-t-elle. Au début des années 2030, la Chine devancera même les Etats-Unis comme premier consommateur mondial d'or noir. Au total, la consommation mondiale de brut devrait atteindre 104 millions de barils par jour en 2040. C'est 14 millions de plus par rapport à 2013, mais ici aussi, "les prix élevés et les nouvelles politiques ralentissent progressivement le rythme de croissance de la consommation globale, la ramenant à un niveau plateau".

L'efficacité énergétique, qui se traduit notamment par des véhicules moins gourmands en carburants, amputera ainsi la croissance de la demande mondiale d'environ 23 millions de barils par jour, soit plus que la production actuelle de l'Arabie saoudite et de la Russie, estime l'AIE.

Rebond de la production atomique

Par ailleurs, l'AIE constate que les capacités de production nucléaire augmenteront significativement dans le monde d'ici à 2040, principalement en Chine. Les capacités électronucléaires bondiront de 60%, passant de 392 gigawatts en 2013 à plus de 620 gigawatts en 2040, selon le scénario central de l'étude prospective annuelle du bras énergétique des pays développés.

"Cependant, leur part dans la production globale d'électricité, qui a culminé il y a près de deux décennies, n'augmente(ra) que d'un point de pourcentage à 12%", précise-t-il. Pas moins de 45% de cette croissance proviendront de Chine, tandis que l'Inde, la Corée du Sud et la Russie réunies représenteront 30% de la hausse, et les Etats-Unis 16%.

La production atomique devrait rebondir au Japon (sans atteindre les niveaux d'avant la catastrophe de Fukushima), tandis qu'elle se repliera de 10% dans l'Union européenne. Au total, le nombre de pays exploitant des réacteurs passera de 31 à 36.

Dans le même temps, quelque 200 des 434 réacteurs opérationnels à la fin 2013 seront mis à l'arrêt, principalement en Europe, aux Etats-Unis, en Russie et au Japon.

Hausse de 3,6 degrés

Et enfin, l'AIE a émis un constat inquiétant. Les politiques mises en place pour réduire les émissions de gaz carbonique (CO2) sont insuffisantes pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. L'Agence confirme sa prévision d'une hausse à long terme de 3,6 degrés et appelle à une action urgente.

Malgré la volonté affichée de la plupart des pays de diminuer leurs émissions de CO2 et la réduction observée de la part des énergies fossiles dans la consommation d'énergie, le "scénario central" établi par l'AIE dans sa grande étude prospective annuelle prévoit que les émissions liées à l'énergie augmenteront de 20% en 2040.

L'Agence note donc que les négociations internationale sur le climat de 2015, avec en ligne de mire le sommet de Paris, vont se dérouler avec une situation de départ "pas encourageante: une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et une pollution de l'air étouffante dans la plupart des villes en forte expansion".

Selon le Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat), pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, le monde ne peut pas émettre plus de 1.000 gigatonnes de CO2 après 2014. Or "ce crédit sera totalement utilisé d'ici 2040", prévoit l'AIE, qui appelle à "une action urgente pour gérer le système énergétique de manière plus prudente".

Elle annonce également la publication à la mi-2015 d'un rapport spécifique sur cette problématique.

D. L. avec AFP