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Le nouveau plan de compétitivité de Renault

Renault a bouclé mardi son plan de compétitivité

Renault a bouclé mardi son plan de compétitivité - Charly Triballeau - AFP

La direction de la marque au losange propose de recruter 3.600 CDI d'ici 2019 en échange de la possibilité de pouvoir demander une heure supplémentaire de travail par jour. Ce texte, qui doit succéder à l'accord de 2013, doit encore être approuvé par les différents syndicats du groupe.

Renault a proposé mardi de recruter 3.600 personnes en CDI d'ici 2019 et a fait de nouvelles concessions sur la flexibilité demandée aux salariés, au cours de la dernière séance de négociations d'un nouvel accord social triennal.

Le projet de texte, baptisé "contrat d'activité pour une performance durable en France", doit encore être validé et signé d'ici début 2017 par des syndicats ayant totalisé au moins 50% des voix aux élections professionnelles. Tous les syndicats vont maintenant consulter leurs bases.

"Mieux que rien"

La direction, qui avait proposé 3.000 embauches début novembre, a réévalué à 3.600 CDI son engagement dans l'espoir de satisfaire les syndicats, qui jugeaient, à l'instar de la CFE-CGC (1er syndicat) le précédent chiffre "pas à la hauteur". La CFDT (3e syndicat) demandait 4.500 recrutements, la CGT (2e syndicat) 14.000.

"Nous aurions certes souhaité plus mais c'est mieux que rien" a déclaré à l'AFP Franck Daoût, délégué CFDT, à l'issue de cette dernière session.

Pour la CGT, il manque encore 1.000 CDI pour remplacer les départs naturels de CDI, sans compter les intérimaires que la direction souhaite réduire de moitié (-4.500). Les salariés restant "devront absorber le travail de ceux qui quitteront l'entreprise", a dénoncé le syndicat dans un communiqué.

Des exigences de flexibilité revues à la baisse

Renault a aussi réduit ses exigences de flexibilité. La direction avait déjà reculé sur une modulation annuelle du temps de travail, qui créait une période de "haute activité" pouvant aller jusqu'à six mois, permettant ainsi de diminuer le nombre d'heures supplémentaires par un jeu de compensation entre périodes chargées et creuses.

Elle avait néanmoins conservé la possibilité d'exiger une heure quinze supplémentaire de travail par jour (contre une heure trente précédemment). Un dépassement qui continuait à être jugé "pas acceptable" par les syndicats.

La direction a finalement porté le débord à une heure maximum, comme le demandait la CFDT et il sera limité à huit jours par mois et cinquante par an et par salarié.

Des "avancées"

"Nous avons, en plus, obtenu l'engagement que les usines privilégieront le travail le samedi sur la base du volontariat plutôt que ces dépassements obligatoires le soir", s'est satisfaite Mariette Rih (FO), auprès de l'AFP. Aucune prime ne sera néanmoins accordée en échange, comme le réclamaient certains syndicats.

La CFE-CGC se réjouit aussi des "avancées" tout en déplorant certaines revendications restées lettre morte, comme les dispenses d'activités de fin de carrière, soumises à plus de conditions qu'auparavant.

Les propositions concernant la politique managériale et le dialogue autour de la qualité du travail avaient déjà été accueillies plutôt favorablement. La CFDT y voyait une "révolution" et FO "un projet hyper-ambitieux".

Trois enjeux

Ce texte doit succéder à l'accord de compétitivité de 2013 qui, selon la direction, se soldera à fin 2016 par 9.200 départs sur trois ans et 3.000 embauches (contre 730 prévues initialement), dont une partie seront réalisées en 2017.

Depuis, la situation économique de Renault s'est considérablement améliorée. Fin juillet, l'entreprise avait publié un bénéfice net en hausse de 7,5% pour le premier semestre 2016, à 1,5 milliard d'euros.

Avec ce nouvel accord, l'entreprise veut répondre à "trois enjeux": "la satisfaction des clients, la performance durable et la motivation des salariés", souligne-t-elle dans un communiqué.

Des garanties sur la production

Elle s'engage une nouvelle fois à maintenir l'ensemble des sites Renault et à assurer un volume de production annuel moyen "au moins égal à celui de 2016".

La CGT avait appelé mardi les salariés à débrayer en opposition au projet de la direction. Cet appel à la grève a été peu suivi selon Renault (433 grévistes à 17h, soit 1,2% de l'ensemble du personnel).

À cette occasion, les salariés de l'usine de Lardy (Essonne) ont accueilli une délégation d'ouvriers turcs de l'usine Renault de Bursa, qui s'étaient mis en grève en mai 2015 pour la renégociation d'un accord salarial et le droit de se syndiquer à l'organisation de leur choix.

Dans le périmètre de l'accord (Renault SAS et sept filiales industrielles), Renault recensait 35.000 salariés fin 2015.

J.M. avec AFP