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Le patron de Krys a son idée pour proposer des lunettes à zéro euro sans ruiner la Sécu

Jean-Pierre Champion, qui dirige la coopérative Krys depuis 2012, veut plus de concurrence pour faire baisser les prix.

Jean-Pierre Champion, qui dirige la coopérative Krys depuis 2012, veut plus de concurrence pour faire baisser les prix. - Krys Group

Le patron du numéro 1 français des opticiens appelle les candidats à la présidentielle à déréglementer la publicité dans le secteur pour permettre à la concurrence de faire baisser les prix.

C'est une promesse de plusieurs "gros" candidats à la présidentielle. De Macron à Fillon en passant par Mélenchon, tous veulent rembourser intégralement les lunettes. Le reste à charge zéro est un objectif pour toute la population à horizon 2022, même pour les candidats soucieux de réduire les dépenses publiques comme François Fillon et Emmanuel Macron. 

Le reste à charge zéro, voilà un objectif qui a tout pour satisfaire les vendeurs de lunettes. Comme Krys, le leader français avec 14,4% de part de marché. D'ailleurs, Jean-Pierre Champion, le patron de la coopérative d'opticiens, a rencontré une bonne partie des états-majors des candidats pour donner son avis sur le sujet. "Le reste à charge zéro sur les lunettes, nous y sommes favorables bien sûr mais nous ne faisons pas du tout de lobbying pour augmenter les remboursements, ce serait démagogique, assure Jean-Pierre Champion. C'est la concurrence qui permettra d'y parvenir en faisant baisser les prix."

Déréglementer la publicité

Et pour le patron de Krys, la concurrence passe déjà par une déréglementation de la publicité. Aujourd'hui, les opticiens ne peuvent pas communiquer sur un reste à charge zéro sur les optiques. "Aujourd'hui sur des optiques à 400 euros, le reste à charge est de 120 euros, explique Jean-Pierre Champion. Or, si on déréglemente la publicité, les fabricants vont s'adapter et feront en sorte de faire baisser les prix et tout le monde s'y retrouvera." 

Ce faisant, le patron de Krys prêche aussi pour sa paroisse. Car la coopérative d'opticiens fabrique une bonne partie de ses verres dans son usine française de Bazainville dans les Yvelines. Le groupe assure qu'un tiers de ses optiques (les verres progressifs) sont produits en France. Une stratégie rendue possible en investissant fortement dans son appareil de production pour être compétitif face aux fabricants chinois. Krys a ainsi investi 12 millions d'euros entre 2014 et 2016 pour moderniser son usine. "À la différence des montures dont le prix de revient est constitué à 95% par la main d'oeuvre, celui du verre n'est qu'à 40% pour la main d'oeuvre et 60% pour le capital, détaille le patron de Krys. En améliorant la compétitivité de notre usine et en axant notre stratégie sur le haut de gamme, nous pouvons être rentables tout en fabriquant en France."

La stratégie de l'automobile allemande

La société a ainsi mis au point un procédé de fabrication de verre baptisé FreeForm. Il s'agit d'une technologie qui permet de créer un verre quasi-sur-mesure pour chaque client en intégrant les coordonnées de plus de 40.000 points dans la surface optique. Ce qui permet d'avoir une vision nette élargie de 30%. "La montée en gamme c'est de la compétitivité hors-coût comme le font les Allemands dans l'automobile, explique Jean-Pierre Champion. Car là où je dépense 100 euros en coût de fabrication, les Chinois en dépensent 60; il faut donc vendre de meilleurs produits." Une stratégie qui se traduit également dans l'amélioration des points de vente. Krys investit 25 millions d'euros par an pour moderniser ses magasins. Ces dernières années, l'enseigne a par exemple équipé ses vendeurs de tablettes, mis en place le click and collect pour les lentilles ou encore rénové complètement son outil informatique pour améliorer la productivité.

Une stratégie d'investissement payante pour la coopérative d'opticiens. En 2016, le groupe Krys a vu son chiffre d'affaires augmenter de 3,3% à 987 millions d'euros et ce sur un marché global en recul de 0,5%. Résultat l'enseigne a gagné 0,5 point de part de marché à 14,4%. La preuve que le made in France peut être payant. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco