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Le patron le mieux payé de France n'est pas Carlos Ghosn

Le patron le mieux payé de France en 2014 est en réalité Patrice Drahi, et pas Carlos Ghosn.

Le patron le mieux payé de France en 2014 est en réalité Patrice Drahi, et pas Carlos Ghosn. - Martin Bureau - AFP

Selon une étude du cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest sur la rémunération des dirigeants de groupe, coté ou non sur le CAC 40, celui qui a touché le plus en 2014 n'est pas le dirigeant de Renault-Nissan.

Le patron le mieux payé de France ne dirige pas un groupe coté au CAC 40. Il ne s'agit donc pas de Carlos Ghosn. Le PDG de l'Alliance Renault-Nissan, dont les émoluments ont créé du rififi en assemblée générale, est bien le mieux pourvu parmi les patrons de ces grands groupes coté sur l'indice phare parisien. Mais le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest, en étudiant les rémunérations des dirigeants de toutes les entreprises cotées, et pas seulement celles du CAC 40, s'est rendu compte que celui qui a empoché la plus belle somme au titre de 2014 ne dirige pas une entreprise dont la valorisation figure parmi les 40 les plus importantes de la place.

L'heureux patron le mieux rémunéré de 2014 est en effet Patrick Drahi, le président d'Altice. Le groupe propriétaire de Numericable, acquéreur de SFR au nez et à la barbe de Bouygues en 2014, fait partie de l'Euronext 100, l'indice des 100 plus fortes valeurs cotées sur Euronext, qui regroupe les Bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne.

Selon Proxinvest, sa rémunération s'est élevée à 17 millions d'euros. Une somme justement liée uniquement à la valeur de l'entreprise sur les marchés. Patrick Drahi est en effet payé à 100% en stock-options, cette rémunération variable sous forme d'options d'achat sur des actions de l'entreprise. Une pratique inédite en France. "Cette pratique, qui revient à dire 'moi je ne me paie pas, mais je me rémunère uniquement en stock options', est très américaine", souligne Loïc Dessain, le directeur général de Proxinvest.

"C'est comme une rente"

Si ce peut sembler un "bon principe", les dirigeants s'en servent souvent "d'excuse pour en donner vraiment beaucoup", regrette-t-il. En l'occurrence, s'agissant du patron d'Altice "on est dans des proportions inégalées". Il déplore en outre que cette rémunération variable ne soit soumise à aucun critère de performance, "parce que ce qu'on attend d'Altice, c'est que le groupe fasse mieux que le reste du secteur des télécoms au bout de cinq ans, voire même dix ans. Or là, les stock-options sont exerçables deux ans après leur attribution, en janvier 2016".

Selon Loïc Dessain, la stratégie d'Altice est claire: "elle s'endette énormément et multiplie les acquisitions. Est-ce que ce sera un pari gagnant? On ne le saura que dans quelques années. Il aurait fallu que les options soient sur une durée plus longue, et surtout dans des proportions bien moindres. On lui aurait donné dix fois moins, je suis sûr qu'il aurait fait exactement la même chose. Ce n'est pas vraiment incitatif, c'est comme une rente. Elle est là, on la prend".

Caroline Morisseau avec N.G.