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Energie

Comment DSK financerait la lutte contre le réchauffement climatique

DSK a depuis longtemps en tête l'idée de la création d'un fonds verts

DSK a depuis longtemps en tête l'idée de la création d'un fonds verts - Joël Saget - AFP

Dans un post sur Linkedin publié ce vendredi 27 novembre, le patron déchu du FMI fait part de ses idées pour financer la transition énergétique. Il entend utiliser les fonds collectés via une taxe carbone progressive et un mécanisme permettant d'apporter des fonds au pays en développement.

Dominique Strauss-Kahn et l'écologie ça ne date pas vraiment d'hier. Avant l'affaire du Sofitel, celui qui était encore le respecté directeur général du FMI avait proposé la création d'un fonds vert pour financer des programmes de lutte contre le réchauffement climatique, en 2010.

A quelques jours de début de la COP21, qui commencera dimanche, DSK revient à la charge dans un texte intitulé "Conférence de Paris sur le Climat: un accord financier", publié sur Linkedin et twitté sur le compte de l'économiste de formation.

Dans ce texte, il commence par justifier son initiative, en rappelant, en gros, que le monde économique n'est pas au meilleur de sa forme. Exemples: "l'Europe s'est piégée elle-même dans le corset d'une politique qui alimente les forces déflationnistes","le Japon est techniquement en récession", etc… 

"Les promesses ne sont que des promesses"

DSK explique ensuite que financer la transition énergétique en ayant recours au secteur privé est selon lui une vue de l'esprit. "Il n'y a aucun espoir de pouvoir monter un co-investissement crédible et efficace avec le secteur privé", écrit-il, car "le secteur privé ne peut s'engager à aussi long terme ( en 2020, ndlr, l'objectif de la COP 21 étant de mobiliser 100 milliards de dollars par an à cet horizon)". "Si bien que ses promesses non tenues ne serviront qu'à justifier après coup pourquoi l'objectif de 100 milliards n'a pas été atteint".

Et il enfoncer le clou: "nous savons comment la conférence de Paris va finir. Au mieux, les membres vont s'engager à fournir un montant total de ressources budgétaires tentant d'atteindre 100 milliards. Mais les promesses ne sont que des promesses et dans les années à venir ces ressources si nécessaires partiront en fumée ou n'apparaîtront que grâce à d'ingénieux double-comptes". 

Politique monétaire

DSK propose donc une intervention publique. Il remet sur le tapis l'idée d'un "Fonds Vert pour le financement de la transition (énergétique, ndlr). Pour l'alimenter, il table sur deux mesures.La première est de créer une "taxe carbone progressive" dont il ne précise pas les modalités mais dont une partie ou la totalité des fonds iraient à ce fonds.

La deuxième est bien plus complexe et vise à notamment donner les ressources au pays en développement pour mener des projets de transition énergétique. Le FMI émettrait "une émission significative" de DTS (droits de tirage spécifique), une monnaie virtuelle basée sur le cours de quatre devises (euro, yen, dollars et livre) que le fonds utilise actuellement en interne pour sa comptabilité.

Concrètement, les DTS seraient fournis aux banques centrales des différents pays qui pourraient ensuite les échanger contre de devises réelles pour financer des projets de transition énergétique. Comme l'explique DSK, cette initiative revient en fait à créer de la monnaie via les banques centrales et ainsi à remplacer des engagements budgétaires par de la politique monétaire.

Une fois ce schéma expliqué, il balaie les potentielles critiques, venant du FMI, des ministres des Finances, des banquiers centraux ou des banques. Il évoque à la fin "les progressistes qui feront justement remarquer que l'allocation de DTS profitera plus aux économies avancées qu'aux économies émergentes et en développement parce que chaque pays recevra un montant proportionnel à sa quote-part (participation) du FMI".

"Ceci est exact", reconnaît DSK "bien que les économies avancées puissent contribuer au Fonds Vert en lui transférant une partie des DTS qu'elles recevront". "Mais cette inégalité est une raison de plus pour mettre en œuvre parallèlement un taxe carbone progressive", plaide-t-il.

J.M.